La réaction du Syndicat professionnel des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics du Sénégal (Spebtps) ne s’est fait attendre, condamnant les propos du ministre des Infrastructures, Déthié Fall.

Par Dialigué FAYE – Défendant le budget de son département, lundi dernier, devant les députés, Déthié Fall a profité de l’occasion pour lancer un avertissement sévère aux entreprises, promettant l’application d’une «rigueur martiale» pour assurer la qualité et la transparence dans l’exécution des travaux et pour lutter contre la médiocrité.

Réagissant à ces propos, le Syndicat professionnel des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics du Sénégal (Spebtps) note, dans un communiqué, que même s’il «salue toute démarche visant à renforcer la qualité des ouvrages publics et à garantir la bonne utilisation des ressources de l’Etat, il ne peut rester silencieux face à des propos publics qui, par leur ton menaçant, sont de nature à jeter l’anathème sur l’ensemble du secteur du Btp sénégalais». L’orga­nisation syndicale affiliée au Conseil national du patronat (Cnp) explique que «les entreprises sénégalaises du Btp, structurées et identifiées, ont toujours été des partenaires loyaux de l’Etat. Les déclarations assimilant indistinctement les entreprises à des faillis potentiels, ou laissant entendre une présomption généralisée de médiocrité ou de malhonnêteté, sont de nature à fragiliser la crédibilité des entreprises locales, décourager l’investissement dans un secteur déjà sous tension, porter atteinte à l’image d’une profession qui contribue depuis des décennies au développement national».

Le Spebtps rappelle que «les manquements observés dans certains projets sont le plus souvent le fait d’opérateurs occasionnels, non répertoriés ou dépourvus des capacités techniques requises, et qu’il serait injuste de faire peser sur toute une profession les fautes de quelques acteurs isolés». Il ajoute que «la performance et la qualité des travaux sont directement liées à la capacité des entreprises à mobiliser leurs ressources humaines, techniques et financières».

Donc, martèlent Oumar Ndir, Secrétaire général dudit syndicat, et ses camarades, «il est indispensable que l’Etat respecte strictement les délais contractuels de paiement, condition essentielle pour exécuter les projets publics dans les délais et assurer la pérennité des entreprises. A de multiples reprises, les entreprises sénégalaises ont dû préfinancer des marchés publics ou maintenir leurs équipes sur le terrain malgré des retards de paiement substantiels. Elles ont aussi, à plusieurs moments critiques, répondu sans hésiter aux appels des autorités pour soutenir des projets prioritaires de l’Etat».
Ils précisent que «les entreprises sénégalaises de Btp se sont distinguées par la qualité de leurs ouvrages, au Sénégal comme à l’international. Elles ont démontré leur capacité à livrer des infrastructures conformes aux normes, respecter les engagements contractuels lorsque l’environnement institutionnel le permet…».

Le Spebtps appelle ainsi le ministre des Infrastructures à «privilégier la concertation, l’écoute et l’évaluation objective, projet par projet, plutôt que l’indexation globale d’un secteur stratégique pour le développement du pays».
Le syndicat demeure «pleinement disponible pour travailler, dans un esprit républicain, à l’amélioration continue du secteur, à la transparence dans l’attribution et la gestion des marchés publics, et à l’élévation constante des standards de qualité». Il réaffirme «son engagement à œuvrer, aux côtés de l’Etat, pour un Btp sénégalais fort, structuré et performant, mais également respecté dans sa dignité et ses droits».
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