Diagnostic – Amélioration du système éducatif : La Cosydep identifie des insuffisances

La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) a organisé hier un panel interactif sur le développement durable et l’Intelligence artificielle face à l’éducation. La rencontre a permis de discuter sur les avantages et inconvénients relatifs à l’Intelligence artificielle dans le domaine de l’éducation et de la formation.
Par Justin GOMIS – La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) a organisé hier un panel interactif sur le développement durable et l’Intelligence artificielle face à l’éducation et à la formation, en collaboration avec le Ministère de l’éducation nationale (Men). Cette rencontre, qui entre dans le cadre de la campagne Nite Sama Ecole, same Yitte, a réuni des experts pour livrer leur point de vue sur les avantages et inconvénients relatifs à l’Intelligence artificielle sur l’éducation et la formation.
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L’objectif recherché, c’est de réfléchir sur les interactions entre le développement durable, l’Intelligence artificielle (Ia) et l’éducation/formation en perspective des réformes envisagées. «C’est un panel qui s’intéresse à des questions émergentes majeures. L’Intelligence artificielle est venue s’inviter à l’humanité et nous invite aussi à repenser les façons d’enseigner, le savoir n’est plus détenu par l’enseignant. Elle est là et il faudrait qu’on puisse faire avec. Elle nous invite aussi à repenser les apprentissages et l’évaluation. Les enfants accèdent à des ressources, et il faudrait que l’humanisme puisse être maintenu. Nous ne voulons pas que l’Intelligence artificielle fasse de nos enfants des robots, des machines. Mais nous devons faire en sorte que cette dimension humaine puisse être préservée. Nous voulons que cette ère numérique soit une ère de révolution numérique, qu’elle puisse permettre à nos pays, composés majoritairement de jeunes, de se relancer», a déclaré Cheikh Mbow.
Selon le président de la Cosydep, c’est une période qui peut être en faveur des pays en développement. Et cela, poursuit-il, nécessite de changer les paradigmes si nous voulons aussi aspirer au développement durable en formant un nouveau type de citoyen. «Nous pensons que nous sommes dans un monde qui, tout le temps, fait face à des crises. Donc nous devons avoir un autre type de citoyen qui a une capacité d’anticipation, de créativité et d’innovation, et qui a aussi des comportements éco-citoyens. Nous avons complètement déstructuré notre environnement de sorte qu’avec toutes ces crises environnementales, climatiques, politiques et sociales, nous continuons tout le temps à être perturbés et bouleversés. Donc il faut que nous ayons un autre rapport avec l’environnement. Ce rapport devrait privilégier l’équité, l’égalité. Nous faisons face à une grande pauvreté. Mais il y a aussi des inégalités et des injustices qu’il faut réparer si nous voulons continuer à faire preuve de générosité et que les Sénégalais, notamment les plus vulnérables, puissent bénéficier de l’essentiel des ressources publiques», a-t-il indiqué.
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A la veille de réformes annoncées sur l’éducation, Cheikh Mbow pense qu’il est nécessaire d’apporter des changements qui vont prendre en compte les préoccupations des citoyens. «En tant qu’organisation de la Société civile devant jouer un rôle d’acteurs critiques, nous devons nous préparer en conséquence avec une méthodologie scientifique avérée pour que les voix des citoyens, les demandes des citoyens puissent être fortement prises en charge dans ces réformes qui sont en vue», a-t-il précisé.
L’Intelligence artificielle, une nouvelle donne
Parlant de l’Intelligence artificielle, il trouve qu’elle s’impose à nous. «Nous ne devons plus être simplement des consommateurs, mais nous devons être des producteurs. Il faut qu’on change de paradigme à ce niveau-là. Maintenant, en lien avec les apprentissages, nous pensons que ça nous donne des outils qui viennent accompagner et soutenir l’enseignant», a-t-il dit, tout en précisant que ça ne peut pas remplacer l’enseignant. «Nous devons faire en sorte que nos enfants continuent à pouvoir réfléchir, analyser et être dans des perspectives critiques», ajoute-t-il. Dans le même sillage, les acteurs de l’éducation soulignent aussi la question du financement de l’éducation. Suite à l’arrêt de la subvention des Etats-Unis, beaucoup de projets sont en souffrance et beaucoup de besoins ne sont pas satisfaits. «Ces programmes portaient sur des questions à enjeux comme la problématique des langues nationales, la prise en charge des enfants vulnérables.» De l’avis de Cheikh Mbow, le budget dédié à l’investissement est de plus en plus faible (moins de 5%). Pour lui, on ne peut pas aspirer à un bon service de l’éducation si le financement est insuffisant. «C’est l’investissement qui vous permet d’avoir un système d’éducation, un environnement d’apprentissage approprié, de l’eau, des toilettes, des enseignants en nombre, des tables bancs. Si nous n’avons pas ça, nous ne pouvons pas nous développer», a-t-il souligné.
Pour Cheikh Mbow, le peu d’efforts qui est fait dans cet investissement est porté par les partenaires techniques et financiers. «Cela n’est pas acceptable. C’est une question de souveraineté tout court. Nous devons veiller à avoir un système éducatif qui ne tient que sur certaines questions, ce sont des questions de souveraineté. C’est nous-mêmes qui devons financer.»
Les solutions de la Cosydep
Pour trouver des solutions à tous ces problèmes, la Cosydep a fait des recommandations, à savoir mettre à profit les vacances scolaires pour mener de larges concertations permettant d’accélérer le programme de résorption des abris provisoires, augmenter les investissements publics en faveur de l’éducation, en particulier pour le fondamental et le secondaire, les équipements scolaires, la salubrité avec un dispositif d’hygiène de qualité, des toilettes fonctionnelles, de l’eau, la réhabilitation des établissements vétustes et l’extension de la carte scolaire. La Cosydep préconise également de rendre l’offre publique d’éducation plus attrayante, pus accessible, plus performante, et de relancer le dialogue sectoriel pour le rendre permanent et inclusif. Autre solution, c’est d’assurer un environnement scolaire sécurisé en prenant les mesures nécessaires pour lutter contre l’usage de la drogue et la violence en milieu scolaire, lutter contre la «cantinisation», le harcèlement, les mariages précoces et le travail des enfants. En somme, Cheikh Mbow estime qu’il faut améliorer les conditions d’enseignements-apprentissages en assurant la sécurité avec des infrastructures viables et des équipements performants, la résorption des gaps en enseignants, en infrastructures, en manuels et aussi la promotion de financements endogènes pour le système éducatif.
justin@lequotidien.sn