Le Conseil interministériel consacré à la préparation des examens et cours a permis aux nouveaux tenants du pouvoir d’annoncer des réformes pour un système éducatif plus performant. La rencontre de samedi a aussi été une belle tribune pour le chef du gouvernement Ousmane Sonko d’afficher sa détermination à combattre la fraude sur les documents d’état civil et sa volonté de stabiliser le système de rémunération dans la Fonction publique. Par Alioune Badara NDIAYE –
Que les faussaires sur les documents d’état civil se le tiennent pour dit : le Premier ministre Ousmane Sonko promet la tolérance zéro sur cette pratique devenue récurrente ces dernières années. Le chef du gouvernement l’a fait savoir samedi à l’occasion du Conseil interministériel sur la préparation des examens et concours tenu à Diamniadio. Maire déjà, il avait donné le tempo en traduisant en justice un officier d’état civil indélicat et aujourd’hui disposant de plus de pouvoir, l’ancien maire de Ziguinchor compte déployer tous les moyens pour éradiquer ce fléau. «Le principal point d’attraction c’est sur l’état civil et nous attachons beaucoup d’importance à cela. J’ai été maire pendant 2 ans et le premier problème que j’ai eu en tant que maire, ça a été sur l’état civil. J’ai été obligé de relever l’officier d’état civil et de saisir la justice parce qu’il est inadmissible que des citoyens soient victimes des négligences ou des fautes d’agents qui ne font pas ce qu’ils doivent faire ou alors pour des raisons liées au monnayage se retrouvent à délivrer le même papier à plusieurs personnes», a insisté M. Sonko d’avis que les solutions se trouvent dans la fermeté dans l’application de la loi. «C’est pourquoi nous attachons beaucoup de prix à ce qu’on mette fin définitivement à ces phénomènes. Ça ne dépend que de la fermeté des différents maires, de la justice et de la supervision du ministère chargé des Collectivités territoriales», a-t-il estimé.
Développer des stratégies pour trouver une solution définitive à la problématique de l’état civil est d’ailleurs la première des 20 recommandations générales issues de la rencontre.
Pour ce qui est de la préparation des examens et concours, cette année il a été spécifiquement recommandé d’organiser, avant la rentrée scolaire, des audiences foraines au niveau déconcentré en mettant le focus sur les candidats sans pièce d’état civil et aussi de digitaliser progressivement l’état civil en prenant l’école comme foyer d’incubation. Toujours au nombre des recommandations spécifiques, la sécurisation du processus avec des réunions sectorielles, Crd, Cdd et Cld, une prise en charge de centres localisés dans des zones inondables ainsi que le paiement des indemnités et déplacements des enseignants au plus tard le 30 novembre. Ce point a d’ailleurs permis au Premier ministre d’opérer une transition pour évoquer le système de rémunération dans la Fonction publique. «Ce qui est sûr c’est que le système de rémunération dans la Fonction publique a été déchiré depuis les années 2000 avec une gestion démagogique consistant en une approche sectorielle d’ajouter ou d’augmenter ou d’attendre que les autres crient au scandale pour négocier et prendre des engagements. On ne gère pas comme ça une masse salariale», a-t-il soutenu, assurant qu’il y a, en la matière, des équilibres liés à des grades et à des fonctions qu’il faut respecter. «Il faut qu’on ait le courage de revenir à une discussion sincère et sérieuse sur la question pour assainir et stabiliser définitivement cette problématique», a relevé le chef du gouvernement.
A l’occasion de la rencontre qui a été, selon le document de présentation, «une innovation majeure dans l’histoire du système éducatif sénégalais», les nouveaux gouvernants ont dressé les réformes qu’ils comptent mettre en place pour rendre le système éducatif plus performant. Ceci après avoir pointé les six principales causes de contre-performances (48% d’échec au Bac, 24% au Bfem et 18% au Cfee – 2023). Ces réformes attendues sont entre autres l’intégration du préscolaire dans le cycle fondamental qui va ainsi passer de 10 à 12 ans (19.6% taux actuel de préscolarisation), la fusion des structures de Développement intégré de la petite enfance (Dipe), la révision des curricula, la mise en œuvre d’un plan quinquennal de résorption des déficits en personnel enseignant, l’accélération du processus d’intégration des daaras dans le système, la systématisation de l’utilisation des langues nationales à l’école par la mise en œuvre du Modèle harmonisé d’enseignement bilingue au Sénégal (Mohebs)…
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