Lors d’une rencontre avec les pêcheurs sinistrés par les évènements de Sanyang, les ministres de la Pêche du Sénégal et de la Gambie ont tenté d’apaiser ce beau monde traumatisé par les évènements. A travers des actes diplomatiques, le gouvernement veut refermer les blessures en appuyant la famille du jeune homme assassiné et contribuant à la reconstruction du poste de police réduit en cendres.

Alioune Ndoye marche sur les décombres encore fumants de Sanyang, situé sur le littoral gambien. Vêtu d’un grand boubou vert, le ministre des Pêches et de l’économie maritime est venu réconforter les pêcheurs sénégalais frappés par un déchaînement de colère des résidents de ce village, qui ont voulu se venger sur eux. Après qu’un enfant du village a été assassiné lors d’un cambriolage qui a mal tourné.
Plus de 10 jours après le drame, on n’arrive pas encore à refermer les blessures. Mais, les sinistrés veulent repartir de l’avant alors que leurs espoirs et leur gagne-pied s’envolaient en même que leurs pirogues et filets prenaient feu.
Aujourd’hui, ils doivent reprendre le cours de leur vie à partir du néant à Sanyang, avec une longue plage polluée à l’image des nôtres. Alioune Ndoye apaise ces hommes, qui veulent retourner en mer très «rapidement» : «Cette décision dépend du gouvernement gambien qui est en train de prendre les mesures nécessaires pour que vous repreniez votre travail. C’est une question de sécurité.»
Les rancœurs sont enfouies sous les décombres, la colère et l’incompréhension sont palpables. En guise de premier soutien, l’Etat leur a offert 20 millions de francs Cfa qui ont été précédés d’un appui d’urgence de 5 millions de francs Cfa assuré par le secrétariat d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur.
Dans ses bagages, Alioune Ndoye est arrivé avec un lot de filets et autres d’une valeur de 5 millions de francs Cfa. Il s’agit d’un lot de consolation tant l’étendue des dégâts est énorme.
Sur la plage, les carcasses de moteur complétement calciné sont partout. Les restes des pirogues jonchent le sol. «Nous constations que les dégâts sont énormes. Heureusement qu’il n’y a pas des pertes en vies humaines parmi vous. Il faut en remercier Dieu. L’Etat ne vous a jamais abandonnés et suivait la situation à temps réel. On condamne ce meurtre qui est à l’origine de cette situation. Plus jamais ça et soyez exemplaires et respectueux et ambassadeurs de votre pays.»
En écho, le gouvernement gambien, qui a dépêché sur place ses ministres de l’Intérieur, de l’Information et aussi des Pêches et de l’économie maritime, est resté ferme sur ses principes. «L’auteur du crime a été arrêté et les auteurs des saccages et des incendies ont été arrêtés et traduis devant la justice. Nous sommes dans une démocratie et dans un Etat de droit, on ne peut pas laisser passer ça», enchaîne Gomez Ibrahim, ministre gambien de la Pêche.  Il ajoute : «C’est un quiproquo qui est à l’origine de toute cette agitation. Certains jeunes ont été manipulés et ont détruit les biens d’autrui. Dès que les évènements ont pris fin, ils ont fui. Il faut dénoncer ces gens nuisibles. Il ne faut plus revivre cette situation parce que nous sommes un seul et unique Peuple. C’est une situation tragique qui nous affecte tous.»
A travers des actions judiciaires, une cinquantaine d’émeutiers ont été inculpés de destruction de biens d’autrui. Si Gana Sèye, soupçonné du meurtre du jeune gambien, Gibril Ceesay, qui est à l’origine des derniers évènements, est inculpé pour meurtre présumé et écroué à Miles 2, 22 personnes ont été aussi inculpées pour incendie criminel, destruction de biens d’autrui, de rassemblement illégal et de complot en vue de commettre un crime.
Cette action judiciaire n’a pas apaisé les membres de la famille Ceesay. En rencontrant les ministres des deux pays, la famille du défunt, qui a reçu un soutien d’un million de francs Cfa de l’Etat du Sénégal, ne cache pas sa colère. La maman, l’épouse du disparu et son frère, stoïques dans la douleur, n’arrivent pas à comprendre les raisons de l’acte de Sèye. En plus de cela, le gouvernement a offert aussi un montant pour entamer la reconstruction du poste de police de Sanyang qui a été détruit par les jeunes en furie.
Il faut noter qu’au total, selon les autorités gambiennes, les dégâts matériels se chiffrent à plus de 500 millions de francs Cfa. A Bato Kunku, situé à 5 km de Sanyang, où sont reclus plus de 200 pêcheurs et leurs enfants, l’on piaffe d’impatience de retourner en mer.