«Des boulangers sont en train de mettre la clé sous le paillasson à cause du prix diminué du pain et de la pression fiscale.» Une annonce faite par Amadou Gaye, président de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (Fnbs). Ce dernier tire la sonnette d’alarme et demande de la diligence aux nouvelles autorités pour sortir de l’ornière les boulangers. Plus de 72 boulangeries ont été déjà fermées entre Touba, Dakar et Fatick.Par Amadou MBODJI –

Le pain risque d’être une denrée rare au Sénégal, si l’on n’y prend garde. Les boulangers sont en train de mettre la clé sous le paillasson, depuis la baisse des prix du pain décidée par les nouvelles autorités. «Nous nous réunissons pour évoquer les défis que rencontre le secteur de la boulangerie sénégalaise. Depuis la décision des nouvelles autorités de baisser le prix du pain le 21 juin 2024, nous avons été témoins de la fermeture de plusieurs boulangeries à travers le pays. Pour ne pas être long, je peux citer le cas de Touba où dix-neuf boulangeries, plus neuf, ça fait vingt-huit boulangeries fermées. A Dakar, notre dernier décompte a fait état de trente-sept ; à Fatick, sept boulangeries ont été fermées»,  a révélé Amadou Gaye, pour attirer l’attention des autorités. Le président de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (Fnbs) animait  hier,  une conférence de presse à leur siège, en présence des autres membres de la structure qu’il dirige. Donc, dit-il, la situation est très inquiétante.

Plus de 72 boulangeries déjà fermées
«Il y a des boulangeries qui sont fermés à cause de la fiscalité qui est un danger pour ce pays. Aujourd’hui, nous concentrons des boulangeries qui sont fermées, à cause de l’impôt», affirme M. Gaye. «Trop de taxes tuent les boulangers. On ne peut pas nous dire que le pain est un produit social et que nous ne pouvons pas bénéficier d’une tarification sociale. Le pain n’est pas vendu à son véritable prix. Ce n’est pas la vérité des prix. Si nous appliquions la vérité des prix, le pain devait coûter au minimum 200 à 250 francs Cfa», argue le président de la Fnbs. Qui invoque d’autres goulots d’étranglement au fonctionnement du secteur des boulangers.

«Il  y a des boulangeries qui sont fermées à cause d’un problème social aussi. Il y a des boulangers qui ne peuvent plus continuer, parce qu’ils n’ont pas de recettes.

L’industrie de la boulangerie sénégalaise est en crise. Une industrie qui se caractérise par plus de trente-mille emplois directs, quarante-mille em­plois indirects, six-cents mil­liards de chiffre d’affaires. 3% du Produit intérieur brut (Pib).

Est-ce qu’un Etat doit pouvoir laisser cela continuer ? Donc, cette situation a entraîné des conséquences économiques et sociales désastreuses», dénonce M. Gaye.

Il considère que cela résulte également de la non-application de la réglementation et de ses conséquences sur le prix du pain et le poids du pain. «Cette situation est aggravée par le manque d’implication des autres ministères pour appuyer le ministère du Commerce et de l’industrie.  Le ministère du Commerce essaie de faire de son mieux, pour régler les problèmes.  Je peux témoigner ici sa ferme volonté de nous trouver des solutions. Mais en tant qu’industriels, ce dont nous avons besoin, ce sont des actes. C’est pourquoi nous avons tenu à faire cette conférence de presse, pour prendre à témoin la population, pour expliquer nos problèmes», déclare Ama­dou Gaye.

La Fnbs réclame ainsi, dans les meilleurs délais, l’assainissement du  secteur avec le respect des dispositions du décret 22-117 et des arrêtés 113-118 du 3 mars 2020, arrêté 00-97-93 du 13 mai 2020 et l’arrêté 118-75 du 26 avril 2022.
«La Direction des hydrocarbures est en train de bloquer les quotas de diesel auxquels les boulangers ont droit», indexe M. Gaye, qui trouve cela anormal. L’autre contrainte soulevée, c’est la hausse des intrants. «La levure coûtait 20 000 francs Cfa. Aujourd’hui, ce produit coûte entre 26 000 et 30 000 francs Cfa», s’offusquent-ils. Cette hausse, selon lui, «est due simplement aux impôts, les prix de la levure et des améliorants augmentés sur le plan international».
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