La région de Diourbel est un cas dans le trafic de médicaments. Hier, le gouverneur, le chef de la Subdivision des douanes et le président du Tribunal de grande instance de Diourbel ont procédé à l’incinération de faux médicaments d’une valeur de 1 milliard 400 millions 235 mille 775 F Cfa. Il s’agit de cet important lot de produits prohibés saisis en novembre 2017 par la Brigade spéciale de Touba et découverts dans deux camions guinéens alors qu’ils étaient dissimulés dans des sacs de blé. Cette affaire avait valu à Amadou Oury Diallo une condamnation de 5 ans avant qu’il ne soit gracié, provoquant un grand tollé dans ce pays.
Cette opération rappelle l’importance de la répression de ce trafic dans cette région. C’est une mission assignée aux forces de défense et de sécurité qui mutualisent leurs efforts pour essayer de maîtriser le fléau. Le chef de la Subdivision des douanes de Diourbel insiste sur cet aspect en estimant que «la lutte contre les faux médicaments et la drogue repose essentiellement sur le renseignement». «Et pour que le renseignement puisse aboutir il faut nécessairement une coopération entre les forces de sécurité, que ce soit la douane, la gendarmerie, la police et les sa­peurs-pompiers. La douane est connue beaucoup plus dans sa mission fiscale, mais aussi il y a une autre mission extrêmement importante qui est celle de la sécurité. C’est cette mission sécuritaire qui nous permet, nous agents de douane, d’apporter une protection à la jeunesse de notre pays à travers la lutte efficace contre la drogue, les faux médicaments et autres. Pour sa part, le président du Tribunal de grande instance de Diourbel a rappelé que la justice a pour rôle le maintien de l’ordre public qui se traduit par la sécurité des populations et des biens», dit-il. Selon Pape Mouhamed Diop, «il y a un ensemble de taxes d’arsenal juridique mis en place qui permettra d’aller au-delà de cette sécurité sur l’intégrité des populations et de leurs biens». A l’en croire, le maintien de ces faux médicaments dans l’environnement sociétal «devient nocif ; d’où l’importance de cette incinération et tout le monde doit s’impliquer dans cette lutte». En écho, le gouverneur de Diourbel appuie : «Nous voulons une Administration efficace et efficiente qui produit des résultats. Cette cérémonie renseigne sur l’efficacité de nos services de sécurité qui ont dû coordonner des efforts et enlever les cloisonnements. Il y a énormément de demandes et d’attentes des populations, mais aussi des autorités qui nous ont investis de certaines attributions, de certains pouvoirs de ne pas être isolés les uns des autres, mais de se donner la main pour arriver à de bons résultats. C’est ensemble que nous pouvons relever le défi du sous-développement et se battre contre tous les fléaux ainsi que les délits qui peuvent nous entraver sur le chemin du développement.»
Evidemment, le président de l’Ordre des pharmaciens du Sénégal est ravi par cette opération. Il rappelle que ce trafic demeure une menace sur la santé publique et affecte le secteur du médicament, touché de plein fouet par la persistance de ce phénomène. «Cette incinération, estime Amath Niang, a une signification capitale qui dénote l’envergure du marché parallèle qui constitue une menace pour le système de santé de notre pays. Il est du devoir des professionnels du médicament, des autorités et plus particulièrement de l’autorité politique de s’investir pour que le médicament puisse revenir aux professionnels du médicament à qui le législateur l’a confié.» Heureux, il poursuit : «Cette journée constitue une victoire pour notre profession et c’est en cela que nous remercions la vision et la vigilance du Tribunal pour avoir conduit ce processus jusqu’à arriver à un résultat concret, mais également qu’elle nous projette vers un avenir certain. Aujourd’hui, le problème qui se pose par rapport à la souveraineté pharmaceutique, les menaces, à la disponibilité du médicament est que les Sénégalais puissent disposer de médicaments.»