La fraude à l’examen est aussi vieille que le Bac. Dans l’histoire de ce pays, l’acte posé par Khadim Mboup, déguisé en femme pour passer les épreuves du premier tour à la place de sa copine, c’est du jamais vu. Démasqué au troisième jour, le «couple» va être déféré ce lundi devant le Parquet du Tgi de Diourbel pour fraude et usurpation d’identité.Par Oumy LY (Correspondante) –

Il a tenu à prouver son amour en dansant autour de l’abîme. Khadim Mboup, étudiant en première année, s’est vêtu comme une femme pour composer à la place de sa copine Gangué Dioum, qui était en L’1 pour la session du Baccalauréat 2020-2021 au centre Mbangue Makane Faye, commune de Diourbel. Habitant au quartier Keur Gou Makk, il a passé les épreuves durant les deux premiers jours de l’examen comme si de rien n’était. Mais il a été rattrapé par la patrouille dans l’après-midi du troisième jour des épreuves par la surveillante de la salle devenue trop regardante.
De source sécuritaire, «c’est la surveillante qui a remarqué que le sieur Mboup n’était pas une fille parce qu’elle (la surveillante) a été intriguée par son accoutrement. C’est ainsi qu’elle a appelé un de ses collègues pour partager son constat avant d’en informer le président de jury qui a appelé le policier qui était devant le centre». Après les constats qui ont démasqué Khadim Mboup, il a été conduit au Commissariat urbain de Diourbel où il est toujours en garde à vue avec sa présumée complice, Gangué Dioum, qui habite au quartier Thierno Kandji. Khadim Mboup est poursuivi pour fraude et usurpation d’identité. Toutefois, ils seront présentés au procureur de la République près du Tribunal de grande instance de Diourbel aujourd’hui.

«La police n’a pas le droit de publier les images d’une personne arrêtée»
Aujourd’hui, sa photo fait partie des images les plus partagées sur les différentes plateformes. Suite à l’interpellation de Khadim Mboup, ses images ont été publiées dans tous les réseaux sociaux. Cette publication est dénoncée par la Rencontre africaine des droits de l’Homme (Raddho). Pour le coordonnateur régional de la Raddho, «le sieur Mboup est présumé innocent tant que l’affaire n’est pas encore jugée». A ce titre, Malick Ciré Sy a insisté sur le fait que l’image du présumé fraudeur au Bac doit être préservée. «Nous condamnons avec la dernière énergie la publication des images de l’inculpé sur les réseaux sociaux parce qu’en regardant de près ces photos, elles ont été prises dans les locaux du Com­missariat urbain de Diourbel. Donc, la police a manqué de vigilance ou c’est un agent de la police qui a pris les photos et il les a mises dans les réseaux sociaux. Nous interpellons le directeur général de la Police pour qu’il puisse prendre les mesures idoines et demander aux forces de défense et de sécurité, surtout la police, de préserver les images des personnes qui sont arrêtées», dit-il. Selon lui, «c’est très regrettable qu’à partir de la police des images fassent le tour du Sénégal et du monde». En ce sens, il a invité Seydou Bocar Yague à «rappeler à l’ordre ses éléments parce que la police n’a pas le droit de mettre les images d’une personne sur la voie publique. Le droit à l’image existe».
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