District sanitaire de Koumpentoum : Le personnel médical alerte sur des manquements critiques

Alors que l’équipe médicale célèbre des avancées notables en matière de santé maternelle et infantile, elle doit également faire face à des obstacles majeurs qui mettent à rude épreuve les services de santé locaux.
Un vaste territoire et une population croissante
Situé dans le département de Koumpentoum, le district couvre une superficie de 7650 km² et dessert plus de 215 700 habitants. Il est délimité par plusieurs districts voisins et par la Gambie, une configuration qui rend la coordination administrative et sanitaire complexe. Le district s’organise autour d’un centre de santé, de 24 postes de santé, de 33 cases de santé et de 123 sites de soins, formant un maillage sanitaire essentiel pour cette population dispersée.
Un personnel dévoué mais sous-dimensionné
Le personnel est l’épine dorsale de ce système. Le district compte un total de six médecins dont Dr Sagna et son adjoint, un dentiste et une équipe de 28 sages-femmes et 332 infirmiers. Ce chiffre est renforcé par 87 matrones et 665 agents de santé communautaire, appelés Desdômes, qui jouent un rôle crucial, notamment dans la prise en charge du paludisme. Cependant, Dr Siré Sagna souligne que l’équipe est encore trop limitée pour répondre aux besoins de l’ensemble de la population, d’autant que le centre de santé manque de spécialistes, comme un pédiatre ou un gynécologue.
Des indicateurs de performance encourageants
Malgré ces défis, les performances de l’équipe sont remarquables. Au premier semestre 2025, le district affiche des taux impressionnants «92% de taux d’utilisation des services de Consultation prénatale (Cpn). 87% d’accouchements assistés par un personnel qualifié. 99% de couverture en traitement préventif du paludisme chez les femmes enceintes (SP3). Et 95% des nouveau-nés ont bénéficié du paquet de soins immédiats», a déclaré le médecin chef du district sanitaire de Koumpentoum. De plus, le district a réussi à réduire les décès maternels par rapport à l’année précédente, avec 5 cas enregistrés au premier semestre, qui ont tous fait l’objet d’un audit. Le taux de prévalence contraceptive a également été atteint, ce qui est considéré comme un point fort.
Défis majeurs et revendications syndicales
Cependant, des zones d’ombre persistent. La rétention de données par l’un des syndicats, le Syntras, affecte la collecte des informations sanitaires dans sept postes de santé, faussant la vision globale des performances. Dr Sagna a également souligné des problèmes structurels et logistiques. «Il y a un manque de services spécialisés : Le centre de santé de Koumpentoum ne dispose pas de service de néonatologie pour prendre en charge les nouveau-nés en détresse, qui doivent être référés à l’Hôpital régional. Huit postes de santé manquent d’ambulances médicalisées, un problème critique dans cette région où les distances sont importantes et les routes en mauvais état», a-t-elle souligné. S’y ajoute un défaut de formation. «Bien qu’un réfrigérateur pour le dépôt de sang ait été livré, le personnel de laboratoire n’a pas encore été formé pour effectuer les prélèvements, ce qui est un problème de taille, étant donné la prévalence de l’anémie, cause principale de décès maternels. Les accouchements à domicile continuent d’être une réalité dans certaines zones, compromettant la sécurité des mères et des enfants», regrette Dr Siré Sagna. Ainsi, pour surmonter ces obstacles, le district a formulé plusieurs recommandations à l’échelon régional, notamment la nécessité de : «Mettre en place des programmes de formation continue sur site pour le personnel soignant, de doter les postes de santé éloignés d’ambulances. Construire une unité de néonatologie et affecter un pédiatre et un gynécologue au centre de santé de Koumpentoum.» Malgré un soutien de l’Etat et des projets comme Isméa (dotation en véhicules, réfection d’infrastructures), les besoins restent immenses.