Aucun chiffre n’est caché par le ministère de la Santé et de l’action sociale dans le cadre du Covid-19. C’est l’assurance du directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous), Dr Abdoulaye Bousso.

Ils sont nombreux les Séné­galais à se douter des données du ministère de la Santé et de l’action sur le Covid-19. Pour eux, le gouvernement cache la réalité de l’ampleur de la pandémie au Sénégal. En réponse à ces incertitudes, le directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous) a tenu à rassurer la population. «Il n’y a aucun chiffre qui est caché», dixit Dr Abdoulaye Bousso. Il explique : «Nous ne donnons pas d’estimation. Nous donnons les chiffres et nous donnons les vrais chiffres. On ne peut pas cacher ces genres de maladie. Quand vous avez des maladies infectieuses de type Ebola, coronavirus, vous ne pouvez pas jouer avec l’opinion sur les chiffres. Ce n’est pas possible. Parce que ça va vous exploser dans les mains. Parce que vous avez besoin de voir tous les malades, tous les contacts, de les tracer pour mettre fin à l’épidémie.»
Ce dimanche, face au Grand Jury de la Rfm, l’homme au cœur du dispositif de riposte a conclu que les chiffres donnés par le ministre de la Santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, sont des chiffres à jour. Il a d’ailleurs révélé que le patient atteint du Covid-19 évacué en France sur demande de sa famille est finalement décédé. Cependant d’après Dr Bousso, ce décès n’est pas comptabilisé dans le décompte au Sénégal. En outre, pour ce qui est de l’Etat d’urgence qui arrive à terme le 4 mai, Dr Abdoulaye Bousso s’est dit favorable à un lever partiel. Car dit-il, ce n’est pas très évident, il faudra qu’on soit patients, il ne faut pas lever les mesures brutalement. Selon lui, le Sénégal devait même aller vers la recommandation du port du masque dans les lieux publics pour rompre la chaîne de transmission communautaire.
Relativement au confinement, il estime que le Sénégal n’est pas à ce niveau comme les pays qui l’ont adopté. Les profils pandémiques ne sont pas les mêmes, ajoute-t-il, cette pandémie est dynamique, les mesures aussi sont dynamiques. «Si un confinement doit être fait, ça doit être de manière sectorielle, dans un quartier, dans une région ou à l’ensemble du pays ciblé. Mais ce sont des choses qui se feront. Il faut qu’on l’applique à la réalité épidémiologique. Ce n’est pas parce que tel ou tel pays a fait cela qu’on va le faire», a laissé entendre Dr Bousso.
Par ailleurs, le médecin a soutenu que le Sénégal n’a pas les moyens de tester l’ensemble de la population, d’ailleurs aucun pays n’a ces moyens-là, dit-il. C’est pourquoi leur équipe a misé sur cette stratégie de diagnostic consistant à suivre les contacts à haut risque, les personnes suspectes. Dans notre pays, d’après lui, il y a une moyenne entre 45-55 ans, un pic de personnes touchées, des personnes âgées de 80 ans voir plus, des enfants. Dr Abdoulaye Bousso exhorte les uns et les autres à éviter la stigmatisation d’une région ou d’une zone.