Le Kankourang a encore tué. Même indirectement. A Vélingara, un adolescent, âgé d’à peu près de 18 ans, a été poignardé à mort par un autre garçon du même âge ou presque. Tous deux appartenaient à 2 groupes de suiveurs de Kankourang, issus de quartiers différents. Les faits se sont passés dans la nuit du samedi au dimanche dans le quartier Vélingara Foulbé. Selon un témoin des faits, «personne ne peut aujourd’hui dire s’il y a eu bagarre ou altercation entre feu Sirifou Sy et son meurtrier, M. Diallo. On a tout juste vu le dernier planter un coup de couteau dans la poitrine du jeune Sy.» Il poursuit : «Sirifou Sy et un groupe de jeunes du quartier Sinthiang Houlata, en compagnie d’un Kankourang, ont retrouvé le groupe de la bande de M. Diallo en train de danser le «Diambadong», sans kankourang. Tous les 2 groupes préparaient la sortie, le lendemain dimanche, de leurs circoncis respectifs. C’est dans ces faits que nous avons vu Sirifou s’écrouler sous les coups de couteau du jeune Diallo.» Selon des sources proches de l’affaire, le meurtrier venait d’être élargi de prison, il y a quelques jours, pour le délit de détention et d’usage de chanvre indien.
Ayant pris la fuite, le garçon a été arrêté à la frontière gambienne et remis à la Police des frontières de ce pays qui ne tardera pas à le remettre à leurs collègues du Sénégal. Le défunt dont le corps repose dans la morgue du Centre de santé de Vélingara, n’avait pas encore reçu l’autorisation par le procureur de la République d’être remis aux siens pour organiser son enterrement. En tout cas, jusqu’à très tard dans la soirée d’hier dimanche.

Les missions du Kankourang
Ce malheureux incident risque de donner un coup d’arrêt à la sortie du Kankourang à Vélingara. En attendant une notification officielle du Préfet dans ce sens, qui pourrait être rendue publique ce lundi.

Et ce serait dommage pour les ambiances joyeuses des activités de vacances scolaires finissantes. Il faut rappeler que le Kankourang, dans la culture mandingue dont il est originaire, a 3 missions essentielles : éduquer et protéger les jeunes circoncis le temps de leur séjour dans le campement ou «dioudiou» qui les regroupe ; servir de police dans le village pour punir tout contrevenant à une norme sociale consensuelle, et puis rendre joyeux les moments d’entrée et de sortie du «dioudiou» des jeunes circoncis à travers des séances de danse, appelées Diambadong.
Par A. KAMARA – akamara@lequotidien.sn