Le Professeur Babacar Samb, ancien ambassadeur du Sénégal en Egypte et ancien chef du Département d’arabe de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), estime que «les problèmes de frontière ont toujours divisé le Maroc et l’Algérie». C’est d’ailleurs sous cet angle qu’il a analysé la rupture diplomatique avec Rabat, annoncée par Alger.

Par Malick GAYE – «Des actions hostiles, inamicales et malveillantes à l’encontre» de l’Algérie : C’est par ces termes que le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a exposé les motifs qui ont poussé son pays à rompre ses liens diplomatiques avec le Maroc. Bien que durs, ces mots traduisent le sentiment d’Alger. Qui soupçonne Rabat d’être derrière les «rebelles berbères» qui sont pointés du doigt dans l’incendie en Kabylie. Pour le Professeur Babacar Samb, les relations entre les deux pays ont rarement été bonnes. L’ancien chef du Département d’arabe de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) estime que la mésentente prend sa source après les indépendances, avec le tracé des frontières. «Les problèmes de frontière ont toujours divisé le Maroc et l’Algérie. On se rappelle la guerre des sables en 1962. Ce problème reste entier», a déclaré l’ancien ambassadeur du Sénégal en Egypte sur les ondes de la Radio Sénégal (Rts) hier.
Sur la rupture diplomatique annoncée par Alger le 24 août, le Professeur Babacar Samb a affirmé que «l’Algérie pense que l’incendie était volontaire. C’est le Maroc qui aurait encouragé les rebelles berbères qui demandent une certaine autonomie à commettre ce forfait. Au-delà de ça, il y a deux questions qui exaspèrent l’Algérie. C’est la reconnaissance, à la fin du mandat de Donald Trump, du Sahara occidental comme une partie du Maroc. Il avait même décidé d’ouvrir une représentation diplomatique à Dakhla comme d’autres pays. La dernière question c’est Israël. Le Maroc vient de normaliser ses relations avec Israël parce que c’est la seule condition pour la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par les Usa et Biden ne l’a pas remise en cause. Le Maroc aurait espionné l’Algérie par le fameux logiciel israélien (Pegasu)».
Le soutien du Maroc à Israël est perçu par Alger comme «l’introduction d’une puissance militaire étrangère dans le champ maghrébin (…), l’affaire Pegasus, qui a révélé au grand jour l’espionnage massif et systématique auquel ont été soumis des responsables et des citoyens algériens ciblés par les services de renseignement marocains». En guise de réponse, la diplomatie marocaine «a regretté cette décision complètement injustifiée, mais attendue – au regard de la logique d’escalade constatée ces dernières semaines – ainsi que son impact sur le Peuple algérien. Il rejette catégoriquement les prétextes fallacieux, voire absurdes, qui la sous-tendent».
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