Au Sénégal, environ 40% des enfants âgés de 6 à 16 ans sont hors école. Ce résultat est l’un des points  faibles du secteur de l’éducation du Rapport d’Etat du système éducatif national (Resen) et du «prix de l’inaction». Les conclusions de l’analyse ont fait l’objet de partage entre le ministère de l’Education nationale et les différentes parties prenantes du système éducatif.  De fortes de recommandations ont été formulées pour engager une réflexion sur les futures orientations de la politique éducative en lien avec la Vision 2050.Par Badé SECK – 

Le gouvernement de la République du Sénégal et ses Partenaires techniques et financiers (Ptf) ont pris l’engagement de conduire un diagnostic approfondi du secteur de l’éducation et de la formation en vue de mieux orienter les politiques qui seront prioritaires dans la prochaine phase du Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence 2018-2023 (Paquet 2018-2023).
Dans ce contexte, il a été retenu de réaliser un diagnostic holistique du secteur selon la méthodologie Rapport d’Etat du système éducatif national (Resen). L’étude est rédigée sous la conduite d’une équipe nationale appuyée par l’Institut international de planification de l’éducation de l’Unesco à travers son Bureau Afrique basé à Dakar.
A travers cette étude, le Sénégal poursuit la mise en œuvre du Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet 2018-2030), qui constitue une orientation majeure de développement du capital humain dans la Vision Sénégal 2050.
En présidant la journée de restitution, la Secrétaire générale du ministère  de l’Education nationale a indiqué que l’importance du Resen ne réside pas seulement dans son analyse approfondie de la situation de l’Education et de la formation au Sénégal, mais surtout dans son utilisation future pour mieux orienter les décisions stratégiques aux différents niveaux de gouvernance. Il servira, à son avis,  à guider les politiques éducatives, à affiner les stratégies de planification et à adapter les interventions en fonction des besoins réels du terrain. Dans cette dynamique, les centres de décision ont un rôle crucial à jouer. Mme la Sg a également affirmé que les orientations définies à partir des conclusions du Resen devront soutenir les prises de décision à tous les niveaux, en veillant à ce que chaque réforme, chaque initiative, soit fondée sur des données objectives et des analyses pertinentes. Dans les recommandations, elle a invité les différentes parties prenantes à veiller à ce que ces informations soient mises à profit pour renforcer nos politiques éducatives et bâtir un avenir où chaque enfant sénégalais pourra bénéficier d’une éducation et d’une formation de qualité.
Elle a par ailleurs exhorté les responsables du niveau déconcentré, notamment les Ia et Ief, acteurs majeurs de la mise en œuvre de ces réformes, à s’appuyer sur les données du Resen, afin d’affiner leurs stratégies locales et d’adapter leurs interventions aux réalités spécifiques des différentes régions du pays. «Il est de notre responsabilité collective d’utiliser ces données et analyses pour mieux orienter les décisions et garantir davantage des actions efficaces et adaptées. Nous devons faire de ce Resen un levier puissant pour accompagner la transformation du système éducatif, un outil permettant de guider nos prises de décision et afin de mieux garantir un avenir meilleur à chaque élève du Sénégal. Je vous invite donc à des échanges constructifs, ouverts et engagés au cours de cette session. Vos contributions seront précieuses pour que ce diagnostic puisse se traduire en actions concrètes et impactantes», a conclu Mme la Sg.
Selon Guillaume Husson, chef du secteur Education/Uneso à travers ce document stratégique, le Sénégal s’est engagé avec détermination dans la transformation de son système éducatif, à travers des politiques structurantes et des investissements soutenus dans le secteur.  Ces efforts, poursuit-il, se traduisent par un élargissement de l’accès, une promotion de l’équité et une amélioration de la gouvernance. Cependant, pour lui, de nombreux défis demeurent : disparités selon le milieu de résidence, selon le genre et selon le niveau de richesse des ménages, la qualité des apprentissages, l’employabilité des jeunes, ainsi que l’adaptation aux évolutions numériques et l’adaptation aux évolutions climatiques.
Le rapport du prix de l’inaction a estimé qu’environ 1,86 million d’enfants âgés de 6 à 16 ans étaient hors de l’école, représentant ainsi 37, 8% de cette tranche d’âge. Ce phénomène affecte davantage les zones rurales, ainsi que des régions comme Kaffrine, Diourbel, Louga, Matam et Kaolack. A noter également que le système éducatif sénégalais présente des inégalités d’accès à l’éducation pour les enfants en situation de handicap, résultant de multiples barrières structurelles et sociales. Malgré l’élargissement de l’accès à l’école, une part importante des élèves sénégalais n’atteint toujours pas les compétences minimales attendues.
L’évaluation nationale Jàn-gandoo menée en 2019, a révélé que plus de 70% des élèves présentaient des lacunes importantes en lecture, en calcul et en compréhension, indiquant des insuffisances majeures dans leur acquisition des savoirs de base.
En ce qui concerne le financement de l’éducation, si le secteur demeure un domaine stratégique, avec une allocation moyenne de 19, 3% des dépenses de l’Etat sur la dernière décennie, l’évolution des dépenses d’éducation n’a pas suivi celle des dépenses totales de l’Etat. Pour l’Unesco, ces rapports sont des outils essentiels pour accompagner les pays vers des politiques éducatives inclusives fondées sur des données solides. Guillaume Husson a réaffirmé son engagement à accompagner le Sénégal dans les prochaines étapes, à savoir le développement et la mise à jour des outils de planification, le renforcement des capacités en analyse et planification, la mise en œuvre de la politique éducative et son suivi.
Il a tout de même saluer la vision du pays, portée par les ministères sectoriels qui placent au cœur de leurs priorités la qualité, l’inclusion et l’efficacité du système éducatif, tout en exhortant l’Unesco et les ministères concernés à poursuivre le compagnonnage dans un esprit de co-construction et de solidarité.
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