Le gouvernement était-il au courant du projet d’introduction de l’éducation sexuelle dans le programme scolaire ? Si on en croit le G7, c’est le ministère de l’Education nationale qui «a organisé les 21, 22 et 23 décembre 2020, à Saly, un atelier pour la revue et l’analyse du niveau d’intégration de l’Education à la santé sexuelle et reproductive (Essr) dans le cadre du Fonds de solidarité pour les projets innovants (Fspi)». Les syndicalistes, qui rejettent ce projet, dénoncent l’attitude du gouvernement qui, selon eux, «cherche à nous divertir sur des questions qui ne sont d’aucun intérêt pour notre système éducatif».
La sortie du président de la République le 31 décembre sur le projet d’introduction de l’éducation sexuelle dans le programme scolaire n’a pas permis de clore le débat. Les secrétaires généraux des syndicats du G7, qui se sont réunis le 2 janvier, ont répondu à Macky Sall qui prétendait ne pas connaître l’origine de ce débat. Dans un communiqué, les syndicalistes renseignent que c’est le ministère de l’Education nationale qui «a organisé les 21, 22 et 23 décembre 2020, à Saly, un atelier pour la revue et l’analyse du niveau d’intégration de l’Education à la santé sexuelle et reproductive (Essr) dans le cadre du Fonds de solidarité pour les projets innovants (Fspi)». D’après eux, le projet intitulé Promotion de l’égalité fille-garçons et la santé sexuelle et reproductive pour les adolescents scolarisés et non-scolarisés au Sénégal et au Togo est exécuté au Togo et au Sénégal. Ils ajoutent que c’est «en partenariat avec l’International planned parenthood federation France (Ippf France) et Expertise France, avec le soutien financier du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de la France, sous l’égide de l’Unesco». Le G7 précise que l’objectif de cet atelier était de voir «le niveau de prise en compte de l’Essr dans les curricula officiels de l’élémentaire et du secondaire ainsi que les référentiels de formation des enseignants dans les deux pays». L’organisation condamne ainsi «l’initiative prise par le gouvernement du Sénégal dans le cadre de la mise en œuvre des Principes directeurs internationaux sur l’éducation à la sexualité (Pdies), validés par l’Unesco en 2018 et consistant à passer par le Parc (Programme d’appui au renouveau des curricula) pour introduire l’éducation sexuelle à l’élémentaire et au moyen secondaire». Et le G7 de dénoncer : «Il est tout à fait inacceptable que des programmes orientés vers l’éducation à la sexualité puissent être appliqués dans des pays comme le Sénégal où le système éducatif a pour mission principale de bâtir un citoyen modèle, imbu de toutes les valeurs sociales et culturelles intrinsèques à notre Peuple. Ce projet est d’autant plus condamnable qu’il fait la promotion de concepts et de pratiques qui sont totalement aux antipodes de la morale et de la décence.» Convaincus que «la matérialisation de cette offre éducative conduira inéluctablement à la dépravation des mœurs dans notre pays», les syndicalistes rejettent ce projet.
Une violation de la loi
A la place, «le G7 exige une école sénégalaise profondément enracinée dans nos réalités et notre environnement socio-culturel, une école qui est l’émanation des recommandations issues des Assises de l’éducation et de la formation de 2014». Se référant aux textes, les membres de cette organisation rappellent «que l’introduction de pareils contenus dans les curricula destinés à l’élémentaire est une violation flagrante de loi d’orientation 91-22 du 16 février 1991, révisée par la loi n° 2004-37 du 15 décembre 2004, qui stipule à son article 2 que les contenus, objectifs et méthodes d’apprentissage seront adaptés aux besoins spécifiques des enseignés en fonction des âges». Dès lors, soutiennent-ils, «nul ne peut comprendre la décision d’introduire l’éducation à la sexualité dans des programmes destinés à l’élémentaire et au moyen-secondaire». De plus, indiquent-ils, «en ce 21e siècle où l’Agenda 2063 cristallise l’espoir des Peuples de voir se profiler à l’horizon une Afrique dotée d’une forte identité culturelle, d’un patrimoine commun et de valeurs et d’éthiques partagées, l’arrimage de nos programmes scolaires aux réalités occidentales doit être bannie».
Considérant que le gouvernement «cherche à nous divertir sur des questions qui ne sont d’aucun intérêt pour notre système éducatif», le G7 estime que «les priorités pour un déroulement apaisé de l’année scolaire 2020-2021 sont ailleurs». Les syndicalistes, qui rappellent avoir gelé leur plan d’actions en 2020 pour s’investir dans la lutte contre le coronavirus, déplorent «l’immobilisme du gouvernement en ce qui concerne la mise en œuvre des accords». Pour eux, «les seuls gages de stabilité de l’année scolaire en cours sont : la reprise du monitoring des accords dans les meilleurs délais conformément à la déclaration du ministre de l’Education nationale et le recrutement des sortants des Crfpe et de la Fastef et le paiement de leurs salaires».