Engouement pour le programme de migration circulaire : Adha parle d’«un indicateur alarmant des carences systémiques…»

L’Ong dénonce ce qu’elle considère comme un symptôme de fractures sociales et économiques grandissantes.Par Dieynaba KANE –
L’Action pour les droits humains et l’amitié (Adha) a exprimé, dans un communiqué, «sa profonde préoccupation face à la ruée massive des jeunes vers les guichets des Baos dans le cadre du programme de migration circulaire en Espagne». Analysant l’engouement des candidats à l’émigration depuis que cette annonce a été faite, l’association fait remarquer que «ce phénomène, bien qu’il puisse s’inscrire dans l’exercice légitime du droit à la mobilité, constitue avant tout un indicateur alarmant des carences systémiques entravant la réalisation effective des droits économiques et sociaux des jeunes». D’après le président de cette organisation, «cet engouement révèle une crise multiforme qui appelle une réponse urgente et concertée».
Dans son communiqué, Adama Mbengue constate «l’inadéquation des politiques publiques», le «désespoir socio-économique grandissant» et «l’exode symptomatique d’une fracture sociale». Et d’argumenter : «Malgré les efforts déployés pour inciter la jeunesse à contribuer au développement national, les programmes en place manquent d’attractivité et d’efficacité. Les jeunes sont contraints de chercher à l’étranger les opportunités qu’ils ne trouvent pas sur le territoire national, en violation indirecte de leur droit à une existence digne. Un désespoir socio-économique grandissant : L’incapacité à garantir des emplois décents, à renforcer les compétences professionnelles et à promouvoir l’autonomisation économique alimente une perte de confiance généralisée envers les institutions étatiques. L’exode des jeunes traduit une marginalisation des droits fondamentaux tels que consacrés par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (Pidesc), auxquels l’Etat du Sénégal est partie.»
Adha déclare que «si le programme de migration circulaire offre une voie légale et encadrée, il reste néanmoins une réponse temporaire et limitée à un problème structurel». D’ailleurs, elle alerte sur le fait que «sans accompagnement adéquat et sans garanties pour un retour productif, cette initiative risque de consolider les inégalités et de vider le pays de sa ressource humaine la plus dynamique».
Dans le but d’éviter cette situation, Adha «appelle à une réorientation des priorités nationales pour répondre efficacement aux aspirations légitimes de la jeunesse». Elle recommande ainsi de «garantir un accès équitable aux droits économiques et sociaux, de promouvoir des opportunités locales attractives, de respecter les engagements internationaux». Adha «rappelle que la migration, bien qu’étant un droit fondamental reconnu par les instruments internationaux, ne doit pas être perçue comme une nécessité, mais comme un choix éclairé».
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