Enfants atteints du Vih/Sida : Moins de la moitié dépistés au Sénégal

Le dépistage des enfants vivant avec le Vih/Sida se fait encore de manière timide dans notre pays. Selon le Crcf, qui a soutenu, lors de l’atelier de clôture du projet Enprise, déroulé dans 9 régions du Sénégal, que moins de la moitié des enfants atteints sont dépistés. Il invite ainsi les acteurs à conjuguer leurs efforts pour mettre un terme à cette situation en vue de donner à ces enfants la possibilité de bénéficier de tous les avantages au même titre que leurs camarades sains.Par Justin GOMIS –
Malgré les efforts consentis par le Sénégal dans la lutte contre le Vih/Sida, la prise en charge des enfants atteints de cette maladie reste encore très préoccupante dans le pays. Moins de la moitié de ces mômes atteints du Vih sont dépistés et pris en charge. «Le problème de dépistage de l’enfant est essentiel. C’est un problème qui se pose à nous maintenant. Ce n’est pas que le Sénégal. Le problème du dépistage des enfants, on le voit partout en Afrique. Au Sénégal, on est à 43% d’enfants dépistés par rapport à la cible. Chaque année, l’Onu Sida nous donne une estimation d’enfants vivants avec le Vih au Sénégal. Moins de la moitié de ces enfants ont été dépistés», a informé Dr Ndèye Binta Ndiaye, responsable du Bureau de prise en charge de la division de lutte contre le Sida et les Ist au ministère de la Santé et de l’action sociale. A l’en croire, ce retard de dépistage n’est pas sans conséquence chez ces enfants. «Quand on a un retard dans le dépistage de ces enfants, ils vont venir en consultation avec des signes. Mais, si ces enfants sont dépistés précocement, ils sont pris en charge très tôt et ils ne développeront aucun signe de la maladie», a-t-elle précisé.
D’ailleurs, c’est pour corriger ces impairs que le projet Enprise a été initié en 2020 dans 9 régions du pays. «Au cours de ces trois ans, l’Enprise nous a beaucoup appuyé dans la prise en charge de ces enfants infectés qui ont été déjà dépistés. Nous avons pu traiter ces enfants. On a pu avoir un accompagnement psychosocial parce que la plupart des enfants, pas tous, sont issus parfois de milieux défavorisés», dit-elle. Elle ajoute : «Ces enfants, issus de milieux défavorisés, ont besoin d’être accompagnés parce qu’ils ont droit à la santé et à l’éducation. Ce sont des enfants, et aucun enfant ne doit être laissé en rade. Tous les enfants doivent être pris en charge parce que le Vih est devenu une maladie chronique. On n’a plus peur du Vih maintenant parce qu’on sait le traiter. Il est important que tout le monde sache maintenant que le traitement existe et quand il est fait correctement, il n’y a aucun risque de transmission.»
Seuls 1500 enfants vivant avec le Vih pris en charge
D’après Dr Ndiaye, 1500 enfants ont été pris en charge au cours de ce projet élaboré dans 9 régions du pays. «Ils ont tous reçu le traitement Arv. Depuis 2014, le Sénégal a mis en place le «tester et traiter». Toute personne dépistée Vih positif est mise sous traitement automatiquement. Les Arv, qui sont le traitement pour le Vih, sont disponibles et gratuits aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Le traitement existe pour les enfants. Tous les enfants sont mis sous traitement», a-t-elle dit.
Mais d’après Dr Ndiaye, responsable du Bureau de prise en charge de la division de lutte contre le Sida et les Ist, qui présidait hier l’atelier de clôture de ce projet qui portait sur le thème : «Le renforcement de la prise en charge décentralisée des enfants vivant avec le Vih au Sénégal», il y a une réduction de l’effet d’échec thérapeutique. «On était à 64%, maintenant on est à moins de 64 pour cent. On disait dans l’enquête que 60% des enfants étaient un échec. Maintenant on a plus de 80% qui sont un succès. On a réduit la marge d’échec thérapeutique», a-t-elle informé. Le défi, selon elle, c’est d’aller chercher ces enfants atteints du Vih, afin de les mettre sous traitement. «Quand ils sont mis sous traitement, ils sont en bonne santé, ils sont comme vous et moi», a-t- elle rassuré en outre. Et c’est dans ce sens que «ce projet a été imaginé en complément des différentes initiatives proposées visant une meilleure prise en charge de l’enfant vivant avec le Vih», a rappelé Karim Diop. D’après le Secrétaire général du Centre régional de recherche et de formation à la prise en Charge clinique de Fann (Crcf), ce projet a la particularité de fédérer un certain ensemble de structures qui s’activent dans la lutte contre le Sida. Il est également une réponse résiliente du système de santé pour améliorer l’accès des enfants aux soins de manière régulière.
A l’endroit de ces enfants qui méritent une attention toute particulière, Dr Diop pense qu’il est fondamental de leur assurer une prise en charge et de les accompagner pour devenir des adultes responsables. «Nous devons poursuivre nos efforts, notre synergie pour mettre fin à cette injustice», a-t-il lancé à l’endroit de tous les acteurs.
Il faut savoir que l’objectif du projet Enprise 3 est de renforcer la prise en charge médicale et psychosociale des enfants et adolescents vivant avec le Vih dans 9 régions du Sénégal, afin de doubler la proportion d’enfants en succès thérapeutique d’ici 2023. Les activités s’organisent autour du renforcement, de l’accès à la mesure de charge virale, des capacités des professionnels de santé et acteurs communautaires dans la prise en charge médicale et psychosociale, des capacités des associations de Pvvih. Ces interventions s’accompagneront d’une recherche opérationnelle pour explorer la contribution des acteurs communautaires à la prise en charge des enfants.
justin@lequotidien.sn