A la veille de la rentrée universitaire, le Saes interpelle sur le protocole d’accord signé avec l’Etat. Pour le syndicat, le ministère de l’Enseignement supérieur peine «à respecter les promesses faites librement lors de ses tournées dans les universités publiques».Par Cheikh CAMARA – 

La situation dans les universités publiques, ainsi que le suivi de l’application du protocole d’accord gouvernement-Saes du 6 janvier 2023. Ces deux points, entre autres, ont constitué les axes des discussions lors des réunions respectives, deux jours durant, du Bureau national (Bn) et du Secrétariat national (Sn) du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes). Sur la «situation alarmante des universités publiques», le Saes, «malgré les efforts faits par les enseignants pour un retour à une année académique normale après les fermetures intempestives des universités publiques suite aux événements sociopolitiques de 2021, 2023 et 2024», constate, avec regret, «l’inquiétante situation des universités marquée par des chantiers jamais achevés depuis une décennie, des effectifs pléthoriques liés au faible taux d’encadrement, des moyens très limités et l’ouverture tardive des campus sociaux qui compromet la reprise des enseignements/apprentissages». En effet, remarquent le Secrétaire général de la coordination du Campus de Thiès du Saes, Mamadou Tandiang Diaw, et ses camarades, «le Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (Mesri) peine à respecter les promesses faites librement lors de ses tournées dans les universités publiques. Il en est de même pour l’application des mesures qu’il a annoncées en grande pompe au lendemain du séminaire sur la stabilisation du calendrier universitaire». La situation, remarquent-ils, est d’autant plus préoccupante que les bacheliers de l’année 2024 frappent aux portes des universités publiques pour l’année 2024-2025, au moment où l’essentiel des universités peinent à boucler le premier semestre de l’année académique 2023-2024. A cette inquiétude, ils ajoutent «l’asphyxie financière dont sont victimes les universités publi-ques. Dans les faits, les budgets des universités apparaissent comme des fictions budgétaires, largement déficitaires, et ne couvrant que neuf mois de salaires au plus, en violation totale du décret 2012-1269 du 8 novembre 2012 portant régime financier des universités».
Par ailleurs, le Saes fustige l’immixtion du Mesri dans la définition des critères de recrutement des enseignants dans les universités publiques avec la publication de la circulaire du 4 juin 2024. Aussi de rappeler que le recrutement d’enseignants ainsi que la sélection des futurs apprenants sont du ressort exclusif des instances académiques, conformément à la loi 94-79 du 24 novembre 1994 relative aux franchises et libertés universitaires.

Sur le protocole d’accord Saes-gouvernement du 6 janvier 2023
Le Saes se dit grandement inquiet du «non-respect de certains points du protocole dont les échéances sont largement dépassées, et cela malgré les rappels incessants dudit syndicat au Mesri pour leur matérialisation». Sur la question spécifique de la retraite des enseignants-chercheurs et chercheurs, le Saes demande depuis plus de six mois, au nom de la continuité de l’Etat, la mise à disposition de la version signée du décret modifiant le décret n°2020-1788 du 23 septembre 2020 portant création d’une allocation spéciale de retraite au profit des enseignants et chercheurs titulaires des universités. Ce décret, porté par le ministère des Finances et du budget, a, rappellent les enseignants, été examiné et adopté lors du Conseil des ministres du 28 février 2024, en même temps que la loi d’amnistie. «Ledit décret demeure jusqu’à présent introuvable parce que perdu dans les méandres de l’Administration publique pour des raisons inavouées», déplorent-ils. Le enseignants continuent de réclamer vigoureusement ce décret qui, disent-ils, «corrige une injustice quant à la réversion de la pension de retraite au profit des ayants cause des enseignants-chercheurs et chercheurs titulaires décédés, conformément au Code des pensions civiles et militaires». Pour rappel, la revalorisation de la retraite des enseignants-chercheurs et chercheurs des universités a été faite sur la base de l’élargissement de l’assiette de calcul des droits de la retraite, de l’introduction d’un régime complémentaire et de l’augmentation de la charge de travail de chaque enseignant de 20%, sans rémunération supplémentaire. Par conséquent, les enseignants pensent qu’«il est normal que les familles des enseignants-chercheurs et chercheurs décédés puissent bénéficier d’une réversion correcte de la pension, conformément à la loi no81-52 du 10 juillet 1981 portant Code des pensions civiles et militaires de retraite, modifiée». Le Saes a tenu à informer les étudiants, leurs parents, ainsi que l’opinion publique que, malgré toute sa disponibilité et sa bonne volonté à œuvrer pour un climat apaisé dans le sous-secteur de l’enseignement supérieur et à revenir à un calendrier universitaire normal, «l’inertie du gouvernement sur certaines questions risque d’annihiler les nombreux efforts faits par la communauté universitaire». Aussi, en plus d’exiger la mise à disposition immédiate du décret sur la retraite, le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur alerte sur le fait qu’il ne tolérera aucun retard de paiement de salaires dans les mois à venir. Aussi d’appeler tous ses militants de toutes les sections et coordinations à la mobilisation pour engager la lutte dans les prochains jours.
Correspondant