Juin a été le mois fatal. Des parties de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) ont été incendiées, des pierres ayant laissé leurs empreintes sur plus d’un bâtiment. Vacances anticipées, vacances prolongées : ainsi les autorités universitaires en ont décidé. L’année académique est compromise, la réouverture des campus social et pédagogique incertaine. Le Collectif des écoles et instituts, pour sa part, a exigé une reprise totale. En face, les autorités universitaires n’ont pas varié dans leur position. Maintien de la fermeture, pour elles. Maintien des appels à la reprise, pour les étudiants. Ces derniers ont récemment réitéré leur attachement à leurs revendications. La prolongation de la fermeture de deux mois, décidée par les autorités universitaires, n’a pas aidé à détendre la situation. Cette annonce faite, le collectif a voulu tenir une conférence de presse au sein de l’Ucad pour dénoncer une prolongation qu’ils disent mue par des calculs politiques. La police s’est opposée à sa tenue, les étudiants ayant à la fin trouvé refuge au lycée Delafosse pour délivrer leur message. Le déplacement n’a pas empêché les policiers de traquer la parole libre.

Dans tous les cas, disent Baye Niass Ndoye et ses amis, l’année doit être sauvée. Pourtant, le Conseil académique dit vouloir aller dans le sens d’une réouverture de l’Ucad. Le 9 octobre 2023, il a d’ailleurs pris «un certain nombre de décisions, parmi lesquelles celle de travailler à la reprise des enseignements en présentiel dans les meilleurs délais». Toujours dans cette perspective, il compte organiser «les Assises de l’Ucad les 26 et 27 octobre 2023». Selon une note parvenue à la rédaction, «l’objectif de cette rencontre est, entre autres, de fixer les modalités d’une reprise effective des activités pédagogiques en présentiel». Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) ne demande qu’un retour à un calendrier académique normal… Les fermetures des universités publiques à cause d’agendas politiques avaient été fustigées par les enseignants-chercheurs.

Reprise effective voulue, vraisemblablement par tous, des signaux au rouge, des positions bien campées, une université suspendue à des discussions, calendrier académique pas à jour. On n’est pas aussi à jour, pour ce qui est des réparations des structures touchées en juin. Et le Peuple peut peut-être se faire du souci, puisque qu’à Mbour, Koungheul, Dakar, Matam…, les petits frères sont chassés des classes par les grands frères. Les petits-fils de Cheikh Anta Diop n’en démordent pas. Ils annoncent devant micros, caméras, et qui veut voir et entendre, que nul n’apprenne dans le pays si les locataires de l’Ucad n’apprennent pas.
Par Moussa SECK