Le Musée national d’Ethiopie inaugurait, il y a quelques semaines, sa nouvelle Galerie de paléontologie à Addis-Abeba. Un moment fort dans le pays de la célèbre Lucy, fossile de 3, 2 millions d’années. Sa découverte a bouleversé le monde de la paléontologie, notamment en Ethiopie. Mais 50 ans plus tard, les nombreux scientifiques du pays jugent surtout qu’elle a permis d’attirer l’attention sur la paléontologie. Au beau milieu de la Galerie de paléontologie flambant neuve du Musée national, impossible de passer à côté de cette légende éthiopienne. Enfermée dans une cage de verre, Lucy, plus précisément la reconstitution de son squelette, trône dans l’allée. Sa découverte en 1974 est un choc dans le monde entier. «Bien sûr, il y a eu beaucoup de découvertes avant Lucy, explique le paléontologue Tomas Bedane. Mais Lucy est la représentation vivante de nos origines.» Sa découverte a surtout propulsé la paléontologie éthiopienne à l’international. Sahleselassie Melaku, paléontologue au Musée national, confirme : «Quand Lucy a été découverte, la paléontologie traversait une période sombre. Elle a été la lumière qui a éclairé un moment clé de la discipline. Elle a permis de mettre en place plus de recherches dans la région et le pays. Et davantage de personnes ont pu se diriger vers la science.» L’impul-sion lancée par Lucy a permis à d’autres paléontologues de faire avancer la discipline. En 2000, Zeray Alemseged a découvert Selam, un fossile d’enfant vieux de 3, 3 millions d’années, dans la région de l’Afar. «Beaucoup de découvertes ont été inspirées par celle de Lucy, y compris Selam. Cela montre que l’Ethiopie est un des lieux majeurs de l’étude de l’évolution», explique Zeray Alemse-ged. Le Musée national expose au total près de 2000 objets retraçant l’histoire de l’Ethiopie. Malgré ce très riche patrimoine, se lancer dans une carrière de paléontologue reste difficile en Ethiopie. Haregwine Hailu, étudiante de la discipline qui termine son doctorat à l’université de Poitiers, en témoigne : «J’ai choisi la paléontologie car j’ai toujours été fascinée par les temps anciens. Mais je dois dire que la paléontologie est un domaine d’études difficile en Ethiopie. Les programmes universitaires sont limités et les spécialistes formés sont peu nombreux. J’ai donc découvert ce domaine par l’archéologie. Après ma Licence d’archéologie, j’ai approfondi mes connaissances en participant à des missions internationales de terrain en Ethiopie et en poursuivant mes études à l’étranger. (…) La valeur de notre patrimoine fossile reste inexploitée, donc je pense que c’est un secteur d’avenir.»
Rfi