Expliquez-nous – L’ancien coach de la Jeanne d’Arc dissèque le jeu des Lionnes : Les craintes de Cheikh Fall

Recueillis par Woury DIALLO – L’ancien coach de la Jeanne d’Arc analyse la prestation du Sénégal à l’issue du premier tour de l’Afrobasket 2021. Cheikh Fall alerte sur le manque de constance des Lionnes et fait part de ses craintes sur les deux meneuses, Bintou Diémé et Maty Fall, qui doivent améliorer leur niveau de jeu. Sur l’adversaire des quarts, le Mozambique, il rappelle qu’il a bousculé le Nigeria, champion en titre.Comment avez-vous trouvé l’Equipe sénégalaise durant ce premier tour de l’Afrobasket féminin ?
C’est une équipe sénégalaise qui n’est pas constante à 100%. Cela s’est fait sentir contre la Guinée, une équipe faible, même s’il faut les respecter, et qui n’a pas le niveau africain. Contre l’Egypte, l’Equipe guinéenne a aussi pris 100 points. Donc, elle est là pour participer. Elle n’a aucune ambition dans cette coupe d’Afrique. Contre l’Egypte, on est parti avec 14 points à la mi-temps et l’équipe est revenue à 5 points. On a gagné ce match surtout sur le plan physique. Par contre, l’Egypte a beaucoup dominé le Sénégal aux rebonds offensifs. Elles ont pris beaucoup trop de rebonds offensifs. Certaines Lionnes ont manqué d’attention. Voilà la faiblesse de l’Equipe sénégalaise. Même s’il faut reconnaître que dans cette équipe, il y a des joueuses qui ont de l’expérience. Il y a des grandes qui ont épuisé physiquement les grandes égyptiennes. Il s’agit de Maïmouna Diarra et Madjiguène Sène. Il y a Yacine (Diop) qui a joué son basket. Il y a aussi Léna (Niang) avec son adresse qui reste un plus pour l’équipe. Maintenant, ce dont j’ai peur pour l’équipe du Sénégal, ce sont nos deux meneuses de jeu (Bintou Diémé et Maty Fall). Il faudra qu’elles améliorent leur niveau de jeu. Surtout face à une équipe comme le Nigeria (probable adversaire pour les demies). Il faut savoir que si on parvient à battre le Nigeria, on va gagner le titre.
Et au niveau de la défense ?
Certes, il y a des problèmes au niveau de la défense, mais elle est collective. Si on passe la première ligne et la rotation ne continue pas, onperds les rebonds défensifs. Cela a beaucoup joué contre l’Egypte.
Comment avez-vous trouvé les autres équipes ?
Je trouve que le Mali a une très bonne équipe. Sur le plan tactique, le Mali joue vite. Par contre, l’équipe n’est pas patiente à l’image du Sénégal ou du Nigeria qui gèrent les attaques. Logiquement, je crois que ce championnat d’Afrique va se jouer entre le Sénégal, le Nigeria et le Mali.
Au niveau des surprises, on peut citer aussi l’équipe du Kenya, très séduisante avec beaucoup de progrès…
Vous savez, les pays anglophones ont une attaque rapide. C’est une équipe qui ressemble un peu aux Sud-Soudanais qu’on a vus lors du dernier Afrobasket masculin à Kigali. Ce sont des équipes qui shootent toutes les 5 à 6 secondes, contrairement aux pays francophones qui jouent les 15-20 secondes. Maintenant, s’il y a réussite, cela peut devenir compliqué pour l’adversaire.
Un mot sur le Mozambique, adversaire du Sénégal pour les quarts de finale…
Il faut que les gens acceptent que le Sénégal, le Nigeria et le Mali sont les favoris. Maintenant, la surprise peut venir du Mozambique, notre adversaire pour les quarts. Le Mozambique qui est un pays de basket, a des joueuses qui savent attaquer, garder le ballon et défendre. Ce n’est pas comme le Mali. Contre le Nigeria, le Mozambique était devant à la pause. C’est finalement après que le Nigeria a renversé le match. C’est une équipe qu’il faut prendre très au sérieux, il faut rester serein, ne pas tomber dans l’euphorie. C’est ce qui est arrivé aux Garçons. Il faut rester concentré sur ce match-là. Il ne faut pas que les Filles partent avec l’idée que le match est gagné d’avance. Si l’Equipe mozambicaine parvient à avoir de l’avance contre le Sénégal, on ne sait si on aura les moyens de revenir et les coiffer au poteau. C’est un point d’interrogation.
Qu’est-ce que le Sénégal doit faire pour éviter le pire ?
Ma crainte -et je l’ai dit quand Cheikh Sarr avait l’équipe des Lionnes- est que pour le basket de haut niveau, il faut avoir des meneuses qui font 1,80 m à 1,84 m, c’est maintenant la tendance. La taille, la musculation, ce sont des éléments très importants dans le basket d’aujourd’hui. Surtout devant des équipes athlétiques comme le Nigeria. Mais je pense que Moustapha Gaye est intelligent pour gérer des situations de genre. Bintou Diémé a de l’expérience, mais il faut qu’elle soit avertie parce qu’elle aura un rôle à jouer contre des équipes comme le Nigeria.
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