Expulsé du Sénégal le 5 septembre 2017, Kemi Séba voulait revenir afin d’assister à son procès en appel contre la Bceao. Mais à son arrivée hier dans l’après-midi à l’Aibd, l’activiste a été retenu en zone de transit. On apprendra ensuite que le franco-béninois devait être mis dans la soirée dans un avion en partance pour l’Europe, en vue de son expulsion. Cependant, tard dans la soirée, Le Quotidien a appris, de sources policières, que Kémi Seba a créé un gros esclandre à l’aéroport et refusé d’embarquer. Au point qu’il n’a pas été possible pour les autorités de l’embarquer de force dans l’avion. Et bon gré mal gré, puisqu’il semblerait que la police de l’aéroport ne disposait pas de commodités pour le garder plus longtemps, il a été transporté en urgence à Dakar, pour passer la nuit dans l’un des commissariats.
Pour rappel, l’activiste français d’origine béninoise avait été forcé de quitter le Sénégal, où il résidait avec sa famille, suite à une mesure d’expulsion prononcée par le ministère de l’intérieur, après qu’il se soit engagé activement dans la lutte contre le Franc Cfa. Kémi Seba avait notamment brûlé publiquement un billet de la monnaie Cfa, ce qui lui avait valu de connaître le confort de la prison de Rebeuss avant d’être jugé et expulsé dans la foulée.
Dans un document publié à l’occasion, le ministère de l’Intérieur faisait savoir que sa «présence sur le territoire national constitue une menace grave à l’ordre public». L’arrêté d’expulsion le visant étant toujours en vigueur, Kémi Séba n’a pu être accepté sur le territoire sénégalais. Dès hier dans la soirée, son avocat, Me Khoureychi Ba annonçait déjà son intention de se pourvoir en justice contre l’arrêté d’expulsion de son client.
Cette histoire démontre aussi l’incohérence de certaines mesures. Kémi Seba est venu au Sénégal pour se soumettre à l’injonction d’une décision de justice. Or, voilà que les forces de police sénégalaises, bien informée de ladite décision de justice, décident de manière arbitraire qu’il n’a pas le droit de se présenter devant le juge qui l’a convoqué. La police sénégalaise méconnait ainsi la citation latine «cedant arma togae», qui veut que les décisions des juridictions civiles aient la primauté sur la force des armes…