Les organisations de la société civile de la région de Fatick sont debout pour exiger leur implication dans la gestion des ressources pétrolières. C’est ce qu’a indiqué Mme Ndèye Ngara Diouf de l’Ong Femme, enfance, environnement, qui présentait la contribution de la société civile locale à l’atelier de restitution des Assises de la société civile.

Pour sortir leur région de la pauvreté, les organisations de la société civile de Fatick ont formulé une batterie de recommandations en guise de contribution à l’atelier de restitution des Assises de la société civile tenu en février dernier à Dakar. Parmi ces recommandations, l’implication de la société civile locale dans la gestion des ressources pétrolières. «Le site d’exploitation du pétrole (Sangomar) se trouve dans la région de Fatick. Il nous faut une gestion exemplaire de cette ressource pour que Fatick puisse avoir son décollage économique à travers la Rse (Res­ponsabilité sociétale d’entreprise : Ndlr) et la redistribution des retombées de ce pétrole. C’est nécessaire. Et la société civile est debout pour que l’Etat nous y implique», a déclaré Ndèye Ngara Diouf.
La coordonnatrice de l’Ong Femme, enfance, environnement présentait la contribution des organisations de la société civile de la région de Fatick aux Assises de la société civile.
Ayant travaillé sur la «Lutte contre la pauvreté à Fatick», le comité régional de la société civile a dressé un tableau sombre de la situation économique de la région. Ndèye Ngara Diouf explique : «Fatick reste dominée, comme la plupart des régions de l’intérieur du pays, par une espèce de morosité économique caractérisée par une timidité des activités génératrices de revenus. Celles-ci restent d’ailleurs dominées par l’agriculture, l’élevage et la pêche, mais les autres secteurs d’activités, notamment le tourisme, présentent un intérêt certain pour le développement économique de la région.
A Fatick, 57,1% des ménages sont considérés comme pauvres, soit un taux de pauvreté de 67,8% de la population de la région (source Ansd 2015)».

Persistance de la morosité économique
La région reste aussi, selon Mme Diouf, confrontée à des problèmes environnementaux énormes. Entre autres, elle liste «la salinisation des sols, l’érosion côtière». «Dans quelques années, Fatick va perdre des villages entiers, des îles et le Sénégal reste encore muet face à cette question. Nous risquons de perdre Palmarin, Djiffère. C’est extrêmement grave et ça interpelle l’Etat du Sénégal et l’opinion internationale. On note une déforestation massive, une perte progressive de la biodiversité…», alerte Ngara Diouf.
La région de Fatick est située au centre du Sénégal, notamment dans la région naturelle du bassin arachidier. Depuis sa création en 1984, relève la coordonnatrice de l’Ong Femme, enfance, environnement, «sa population a connu une croissance lente, passant de 509 mille 702 habitants en 1988 à 615 mille 558 habitants en 2002. Selon les projections basées sur les résultats du Rgphae (Recen­sement général de la population, de l’habitat, de l’agriculture et de l’élevage : Ndlr), la population de la région de Fatick s’élève à 813 mille 542 habitants en 2017, soit 5,34% de la population générale. Le taux d’accroissement moyen annuel de cette population est de l’ordre de 3,4% sur la période 2013-2017. Elle sort ainsi comme la septième région la plus peuplée du Sénégal derrière Dakar, Thiès, Diourbel, Kaolack, Saint-Louis et Louga».
La région de Fatick regorge d’énormes potentialités qui peuvent générer beaucoup d’emplois. La société civile locale souligne, entre autres, les projets de création d’entreprises dans la région, notamment «A tiek sinig» (usine de volaille), Senturc biscuiterie, El Logis­tique Sarl (huilerie), Ufaa (Usine de fabrication d’aliments avicoles), le Port de Foundiougne et le Centre universitaire du Sine. Ces projets, estiment les Osc de Fatick, «pourront à terme résoudre le problème de sous-emploi accru. Cependant, la découverte et l’exploitation du pétrole de Sangomar pourraient, dans le cadre d’une gouvernance exemplaire, booster l’économie de la région».