Feux de brousse, vol, manque de financements : Les défis de l’élevage à Kolda

A l’occasion de l’Assemblée générale de renouvellement du bureau de la Maison des éleveurs (Mde) de la région de Kolda tenue samedi, les éleveurs de bovins et ovins de cette partie sud du Sénégal ont énuméré les contraintes à la bonne pratique de leur métier.
Par Abdoulaye KAMARA(Correspondant) – Après 27 ans à la tête de la Maison des éleveurs de la région de Kolda, Issaga Mballo (76 ans) a été remplacé par Mamadou Baldé. C’était au cours d’une Assemblée générale de renouvellement tenue samedi dans la salle des réunions du Service départemental de l’élevage de Vélingara. Dans une ambiance décontractée où les hommages et témoignages élogieux sont rendus au patriarche, les éleveurs de bovins et ovins des départements de Kolda, Médina Yoro Foula et Vélingara ont listé les défis qui sont les leurs pour le décollage du métier.
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Mbaye Bâ, venu de la commune de Bourouco (Médina Yoro Foula), a dit : «Les feux de brousse constituent, pour moi, le premier goulot d’étranglement de l’élevage dans notre région. Les aliments concentrés viennent en appoint aux herbes. Alors que le tapis herbacé est très vite ravagé par les feux de brousse. Et nous sommes, très souvent, impuissants devant la force du feu. Sans alimentation, pas de bêtes sur pied à vendre ou à immoler. Dans l’ordre des priorités, la lutte contre les feux de brousse vient après la santé animale. Beaucoup d’efforts sont faits sur le plan de la santé, mais il faut recruter davantage de techniciens.» Pour aider à lutter contre les feux de brousse, M. Bâ propose la mise à disposition de camions citernes aux comités départementaux de lutte contre les feux de brousse.
Un autre éleveur du département de Médina Yoro Foula considère que le vol du bétail, même s’il est en recul, empêche l’éleveur de dormir à poings fermés.
«Les comités de vigilance ne sont pas outillés pour lutter contre le vol, sur les plans juridique et des moyens de défense. Le nouveau bureau doit porter ce plaidoyer pour renforcer les comités de lutte contre le vol de bétail. Notre collaboration avec nos collègues de la Gambie a porté ses fruits. A chaque fois que nous perdons nos bêtes suite à un vol, nous les retrouvons en Gambie. Je demande aux Sénégalais de collaborer avec les éleveurs des pays frontaliers et de les aider à retrouver leurs bêtes perdues.» Il enchaîne : «La cohabitation entre élevage et agriculture est toujours difficile. On considère toujours que ce sont les animaux qui vont trouver les champs pour les détruire, alors que tout nouveau champ était d’abord une forêt, donc un pâturage, avant d’être défriché pour usage agricole. Donc il faut ouvrir des parcours de bétail et réserver des espaces pour le pâturage. Que les agriculteurs arrêtent de se faire justice.»
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Pour Maly Gano, de la commune de Linkéring (Vélingara), «l’accès aux financements n’est pas démocratisé. Dans nos contrées, nous ne savons pas à quelle porte frapper, par quelle voie passer pour accéder aux financements destinés aux éleveurs. Et sans financement, difficile pour l’élevage de décoller».
Le nouveau président élu, Mamadou Baldé, du département de Kolda, est conscient des défis du secteur et élabore déjà une feuille de route. Après son installation, il déclare : «L’élevage doit être une activité de chaîne de valeur. Il faut développer les différentes filières du métier d’élevage. Nous avons d’abord besoin de renforcement de nos capacités pour maîtriser les différents codes : le Code foncier, le Code des collectivités locales, le Code pastoral, le Code forestier, la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale, les juridictions liées au vol de bétail, à l’accès aux financements. Il faut maîtriser toutes les lois liées aux métiers de l’élevage. Nous nous attèlerons à cela.» Et puis de tendre la main aux partenaires techniques et financiers tels qu’Agronomes et vétérinaires sans frontières (Avsf) dont l’appui est indispensable pour le développement du secteur. D’ailleurs, a-t-il informé, «c’est Avsf qui a financé cette journée, pour les repas et le déplacement des délégations».
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Le président sortant, Issaga Mballo (76 ans), a prodigué des conseils au nouveau bureau : «Il ne faut pas rester dans le confort de vos convictions et certitudes. Il faut vous ouvrir à tous et partager les tâches avec les collaborateurs. En tant que président d’honneur, nous avons le devoir de vous accompagner, vous mettre en contact avec nos partenaires traditionnels. Il faut souvent vous réunir, communiquer avec les membres, partager des informations.»
akamara@lequotidien.sn