La Ligue démocratique est mal en point, même si bien d’autres partis ne sont pas au mieux de leur forme non plus. Ce parti n’est plus aujourd’hui, que l’ombre de ce qu’il fut dans les beaux temps de l’opposition. Quand le Professeur Abdoulaye Bathily nous promettait le «Jallarbi», les Sénégalais étaient convaincus que ses camarades et lui étaient des rêveurs qui n’entreraient jamais dans des combinaisons politiciennes. Ces «marxistes-léninistes» étaient mus par une éthique et par une idéologie solide. Nous en étions tellement convaincus que quand, à la remorque de Wade, Abdoulaye Bathily, Mamadou Ndoye et leurs camarades ont intégré le Gouvernement de majorité présidentielle élargie de Abdou Diouf, dans les années ’90, personne ne leur en a vraiment tenu rigueur. On pensait, comme ils ont voulu le faire croire, qu’ils avaient juste besoin de mieux se familiariser avec les arcanes de la gestion politique et administrative. Le partage du gâteau ? Ce n’était certainement pas dans les manières de la maison.
Ce parti était perçu comme étant si pur idéologiquement, qu’on a vu qu’il n’a pas fallu longtemps, après la première alternance, pour voir la belle alliance avec Wade se fissurer, avant d’éclater au vu et au su de tout le monde. Idéologiquement, ces «gens de la Gauche», à la sauce tieboudiène ne pouvaient pas avoir de terrain de convergence avec des prédateurs libéraux. Wade avait fait de la distribution de l’argent et des postes, l’élément moteur de ses rapports avec ses alliés, et même avec ses adversaires. Bathily et ses camarades eux, pensions-nous, n’étaient mus que par l’intérêt du pays et la solidité de ses institutions. Leur camarade qui avait tenu à se voir récompenser d’un poste dans le cabinet de Wade, avait fini par quitter le parti. On comprend que, Wade parti, séduits par le discours et les promesses de Macky Sall, ils aient une fois de plus, accepté de participer à la gestion du pays en allant au gouvernement.
Mais une fois de plus, on apprend que les gens changent, mais les pratiques malsaines demeurent. La «gestion sobre et vertueuse» de Macky, pesée à l’aune des organes de contrôle de l’Etat, ne pèse pas plus que les audits du temps de Wade. La reddition des comptes ressemble tellement à des règlements des comptes, que l’on a souvent le sentiment de vivre du Wade sans Wade. Et cette révélation sur l’argent remis à Mamadou Ndoye, ne vient que confirmer ce sentiment.
Où est la différence entre la somme remise au parti à travers Mamadou Ndoye, et les 30 millions que Landing Savané a reçu mensuellement, sept longues années durant, du Président Wade ? Sans doute dans l’échelle. Mais pas dans la forme. Et pour montrer que cette affaire ne met pas les protagonistes à l’aise, on n’en parle qu’une fois que l’un des acteurs principaux quitte la scène. Pourquoi «Mendoza» Ndoye n’avait-il pas jugé bon à l’époque, de révéler le «deal» ? S’il pensait que cet argent était licite et revenait de plein droit à lui ou à son parti, pourquoi attendre de ne plus en être le récepteur pour donner un coup de pied dans la fourmilière ? Le secrétaire général sortant aurait-il des comptes à régler avec certains de ses camarades de parti, et voudrait saboter le «tong tong présidentiel» qu’il n’agirait pas autrement.
Mais que Mamadou Ndoye se rassure. Même si son indiscrétion aboutissait à arrêter l’arrivée de cette manne, les différents acteurs trouveraient le moyen de pouvoir reprendre leurs bonnes pratiques. D’autant plus que l’on peut gager que la Ld n’est pas la seule à bénéficier des largesses présidentielles. Le Rewmi de Idy ne recevait-il pas sa part quand il était dans la majorité gouvernementale ? Cela avait permis de régler bien de problèmes, nous assure-t-on… et dans la lutte de positionnement entre Khalifa Sall et Tanor Dieng pour le leadership au sein du Ps, la nouvelle station du secrétaire général du parti, avec les fonds dont il dispose aujourd’hui, pèse bien fort dans la balance de l’influence politique. C’est dire à quoi tiennent certaines convictions. Car aussi bien au Ps qu’à l’Afp ou à Rewmi, les débats n’ont jamais vraiment porté sur quelle gouvernance mettre en alternance à Macky Sall. Cela a toujours été de dire qu’il fallait faire de la place à d’autres. Sans dire ce que les nouveaux auraient eu de différent ou de meilleur par rapport aux autres.
Macky Sall avait promis au début de son mandat, de «réduire l’opposition à sa plus simple expression», et il s’y emploie avec détermination. Mais avant qu’il en ait fini, c’est sans doute ses partis alliés qui risquent d’être réduits à néant, dévorés par de querelles d’argent ou des luttes pour de postes.
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