Après la survenue de l’internet, les médias doivent aussi faire avec l’Ia, qui est train de bouleverser tout l’écosystème numérique mondial.Par Justin GOMIS –

 Le monde est bouleversé aujourd’hui par l’Intelligence artificielle, notamment les médias qui sont fortement impactés par cet outil. Pour ne pas rater ce train de la révolution, l’opérateur téléphonique Yas a offert une session de formation aux journalistes, pour qu’ils puissent mieux appréhender les outils et leur usage. Rachid Jankara, journaliste marocain spécialisé dans le digital, ne voit pas d’inconvénients par rapport à l’utilisation de l’Ia. Il n’y voit que des opportunités. «Je suis catégorique, l’Ia est une opportunité pour les journalistes et les médias, dans la mesure où elle permet d’assister le journaliste. Elle peut l’aider à coécrire», a dit le formateur, précisant qu’elle ne remplace pas les journalistes. Selon lui, le défi aujourd’hui, c’est de voir comment les journalistes peuvent lutter contre l’analphabétisme digital lié à l’Ia.

Aujourd’hui, l’objectif de cette formation «est de montrer aux journalistes comment ces outils, qui sont toujours en cours de développement et de déploiement, sont une grande opportunité pour mieux écrire, mieux créer, mieux traiter des sujets, trouver de nouveaux angles d’attaque. Si le journaliste s’organise d’une manière structurée, il peut profiter amplement de toutes les chances offertes par les solutions de l’Ia», admet Rachid Jankara. Pour lui, le danger est de ne pas prendre place dans ce train de la révolution numérique. «Aujourd’hui, si le journaliste a peur de l’Ia, il va rester dans la peur. C’est comme le débat sur l’internet, quand on disait que l’internet va tuer le journalisme. Aujourd’hui, l’Ia est là pour soutenir le journaliste à produire du bon contenu. Le journaliste a cette capacité de choisir les angles d’attaque, d’écrire. Ces atouts peuvent l’aider à mieux écrire, produire du contenu. Il peut aussi booster son livrable lié à la production d’article, du son de la vidéo, de l’image», explique le journaliste marocain.

A son avis, l’Intelligence artificielle ne va faire disparaitre que les journalistes paresseux qui ne veulent pas apprendre les opportunités liées au digital. «Un journaliste qui veut rester dans l’univers de la pyramide inversée, des cinq questions, de la loi de proximité, qui ne veut pas apprendre qu’il y a des solutions pour la traduction, des solutions pour le traitement du texte, pour la production d’image, va être dépassé par un jeune qui maîtrise ces outils. C’est ça le choix : soit il peut prendre le chemin de l’Ia, il va encore booster sa productivité, soit il peut être à la marge et va être largué par l’Ia», prévient-il.

Abondant dans le même sens, Cheikh Tidiane Ndiaye, journaliste au service digital du quotidien national Le Soleil, trouve l’utilisation de l’Ia très bénéfique pour le journaliste. «Ce qu’on peut retenir, c’est le gain de temps. Vous pouvez prendre l’exemple d’un journaliste qui part en reportage et qui doit transcrire un audio de plus de dix minutes. Ce sont seulement les outils de l’Ia qui peuvent vous aider à sortir les grandes lignes de votre reportage. Ce sera le travail journalistique par rapport au traitement de données et par rapport à la diffusion. C’est dans la phase traitement qu’intervient l’Ia pour la transcription, l’exploitation de rapports, de vidéos et de fact-checking», explique le journaliste.
Aujourd’hui, les médias classiques sont obligés de s’adapter à cette révolution. «Au lieu de s’attarder sur le débat, il faut profiter et apprendre. Le journaliste doit avoir l’humilité d’apprendre les révolutions, le tsunami de l’Ia», conseille le formateur marocain.
justin@lequotidien.sn