Le mouvement panafricain «Nous sommes la solution» exhorte à promouvoir une transition continentale des engrais chimiques de synthèse vers les biofertilisants et les biostimulants. Ledit mouvement fera cet appel au Forum africain sur les systèmes alimentaires, prévu ce lundi 1er septembre 2025 à Dakar.

 

Par Khady SONKO – «Nous sommes la solution», un mouvement panafricain, invite le Sénégal à saisir le Forum africain sur les systèmes alimentaires qui se tient à partir de ce 1er septembre 2025 à Dakar, pour annoncer un plan de transition vers les biofertilisants, afin de remplacer 50% de l’utilisation de fertilisants synthétiques d’ici 2030. D’après la présidente du mouvement panafricain, membre de l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (Ajac), le Sénégal, en tant qu’hôte du forum, est particulièrement bien placé pour mener cette transition continentale.

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Aussi, l’Etat devrait réorienter le budget de 40 milliards de francs Cfa consacré aux subventions pour les engrais vers la production de biofertilisants et de biostimulants, et vers les programmes de santé des sols. Il s’agit aussi d’investir dans le compostage, la production d’inocula microbiens et les chaînes d’approvisionnement en matières premières. Le mouvement panafricain recommande de financer la fabrication locale au moyen de prêts concessionnels, de garanties et de fonds destinés aux Pme, améliorer la qualité des infrastructures pour les tests de produits microbiens et renforcer les systèmes d’accompagnement afin d’intégrer les B&B dans les services de conseil pour atteindre 70% des agriculteurs d’ici 2030.

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«Si nous voulons vraiment avoir la souveraineté alimentaire, il faut promouvoir la pratique agro-écologique. Pour ce faire, il faut commencer par revitaliser nos terres appauvries par nos systèmes agricoles. La promotion des biofertilisants et des biostimulants est une urgence», a plaidé Mariama Sonko, qui faisait face à la presse au Centre agro-écologie Karonghen wati naaning de Niaguis.
Elle rappelle que la dépendance de l’Afrique à l’égard des engrais synthétiques importés constitue une triple menace pour la stabilité économique, la santé des sols et de l’environnement, mais également la souveraineté alimentaire. «La volatilité des prix, la fuite des devises étrangères et la dégradation des sols compromettent la productivité et la résilience», a déclaré Mariama Sonko. Son mouvement estime que les Biofertilisants et les Biostimu-lants (B&B) doivent être intégrés dans des politiques publiques complètes fondées sur des principes agro-écologiques.

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Selon «Nous sommes la solution», les prix mondiaux des engrais ont augmenté de près de 300% entre 2021 et 2023 en raison des perturbations liées au Covid-19 et au conflit entre la Russie et l’Ukraine. Au niveau national, les agriculteurs sénégalais paient désormais environ 20 000 francs Cfa (environ 30 à 35 euros) un sac de 50/kg d’urée ou de Npk, contre 12 000 francs Cfa avant 2020. «L’Afrique ne consomme en moyenne que 18kg/ha, en deçà de l’objectif d’Abuja de 50kg/ha, et la moyenne du Sénégal n’est que de 9 kg/ha», indique Mariama Sonko. A l’en croire, la forte dépendance aux produits synthétiques sans apport de matière organique appauvrit le carbone du sol et la vie microbienne, entraînant une baisse des rendements et une dépendance aux engrais. «Plus de 75% des sols cultivés en Afrique sont dégradés», regrette la présidente de «Nous sommes la solution».
ksonko@lequotidien.sn