France : Le retrait de Fillon poserait à la droite un casse-tête financier

En cas de retrait de François Fillon, plusieurs questions comptables se posent aux Républicains. Et d’abord, les sommes récoltées pour le vainqueur de la primaire pourraient-elles aller à son remplaçant ?
Ce dimanche, il a une course d’enduro à suivre sur la plage du Touquet. Et une rude besogne comptable concernant la Présidentielle. Daniel Fasquelle, député-maire du Touquet et trésorier des Républicains, confie au Jdd son «inquiétude» au sujet du volet «financier et comptable» d’un éventuel changement de candidat à moins de quatre-vingts jours de l’élection. «Rien n’a été prévu en ce sens, mais si cela arrive, toute l’architecture financière actuelle tombe à l’eau. Il faut que j’y travaille ce week-end, mais pour l’instant, cela pose une série de problèmes.» Et en premier lieu, celui-ci : la primaire de la droite et du centre, ou plus de quatre millions de personnes sont venues voter à chaque tour, apportant chacune 2 euros, a rapporté net 9 millions et demi d’euros, tombés dans les caisses de l’association de financement du candidat Fillon. «Cet argent, récolté dans le cadre d’une primaire pour le vainqueur de la primaire, pourrait-il aller à un autre concurrent ? Je ne sais pas», se demande Daniel Fasquelle à haute voix.
Autre question pour l’heure sans réponse, que faire des dépenses engagées par François Fillon en cas de retrait ? Cinquante collaborateurs ont déjà été embauchés à son Qg de campagne. Il a déjà tenu des meetings et lance ce week-end une campagne de tracts. Toutes ces dépenses sont comptabilisées et plafonnées à hauteur de 22 millions d’euros au total pour les deux candidats qui atteindront le second tour. Si l’actuel candidat abandonne, son successeur serait-il tenu de comptabiliser ces dépenses de campagne dans son compte plafonné ? Et comment faire avec les emprunts déjà négociés pour la campagne Fillon ? Interrogé vendredi, Eric Woerth, ancien trésorier de l’Ump, admet «un vrai sujet… Oui, un changement de candidat risquerait de poser d’importants problèmes juridiques et financiers, car toutes ces questions n’ont jamais été explorées». Actuel soutien de François Fillon et ancien grand argentier de la Présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2017, Eric Woerth pense néanmoins, en cas de plan B, «qu’il faudrait trouver des solutions avec la commission des comptes de campagne».
Autre sujet d’inquiétude pour Daniel Fasquelle, comment, si plan B il y a, réorienter les dons déjà collectés par Force républicaine, le micro-parti de François Fillon ? «A priori, il n’y a rien d’illégal à cette collecte, mais je pense depuis un moment que c’est le parti qui devrait centraliser les dons et pas le micro-parti…», explique le trésorier Lr. Daniel Fasquelle avait prévu de collecter 7,5 millions pour les Législatives et 4,5 millions pour le candidat à la Présidentielle.
C’est Force républicaine qui engrange
Mais, comme il l’a découvert dimanche dernier, derrière les campagnes de collecte, c’est Force républicaine qui engrange. «J’ai réalisé que les campagnes de dons atterrissent systématiquement sur le micro-parti de François Fillon, raconte-t-il. J’ai d’abord dit, devant une réunion de cadres, que je ne trouvais pas cela normal ni logique, et qu’il n’y avait pas lieu de mettre les Républicains en concurrence avec Force républicaine. On m’a répondu que j’avais raison et qu’on allait arrêter ce cafouillage. Mais cela a continué.»
Daniel Fasquelle a ensuite réitéré ses interrogations mercredi en réunion interne, puis publiquement jeudi. «Je ne veux plus polémiquer sur ce sujet, confie-t-il, mais je demande une mise en conformité rapide avec ce que l’on a décidé.» A fortiori en cas de plan B…
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