Le procureur militaire, qui avait demandé des aménagements pour la liberté provisoire de l’ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, a obtenu l’assignation à résidence surveillée, dans un lieu autre que le domicile privé de celui qui est poursuivi pour «trahison» dans le cadre de l’enquête sur le coup d’Etat de septembre 2015.

«On ne sait pas où exactement. On a aucune nouvelle de lui»
Pour les proches du général, cette décision suscite colère et incompréhension. «Ça n’existe nulle part dans l’arsenal juridique burkinabè, même le ministre de la Justice l’avait reconnu», commente ainsi Me Paul Kéré, avocat des putschistes, dont le général Diendéré.
L’inquiétude des proches de Bassolé a été d’autant plus forte, ce jeudi matin, qu’ils ont mis du temps à savoir exactement où Djibrill Bassolé avait été placé en résidence surveillée. Ce n’est qu’un peu après midi, heure de Ouagadougou, qu’ils ont fini par apprendre le lieu exact de la résidence dans laquelle il a été mis sous surveillance.
«Mon père a refusé l’assignation à résidence, et ils sont restés dans les tractations tard après minuit mercredi. C’est seulement après que nous avons appris qu’il (Djibrill Bassolé) a été amené dans une résidence à Ouaga 2000. Mais on ne sait pas où exactement. On a aucune nouvelle de lui, et la famille est dans l’angoisse totale depuis 48 heures», déclarait à Jeune Afrique, dans les premières heures de la matinée, l’un des enfants du général de gendarmerie, qui dénonce un «enlèvement».
Sans nouvelle de lui, ses proches ont accentué la pression devant le Tribunal militaire, alors que mercredi la Société civile, hostile à cette décision, exigeait le retour de Bassolé en prison. «On est déçus, on s’était préparés pour l’accueillir à la maison. Jusqu’à l’heure où je vous parle, on ignore où il est», affirmait un proche du général Bassolé en fin de matinée.
«On nous a fait attendre hier (mercredi) de 18 h à 22h 30 à la justice militaire. Puis, une escorte de gendarmerie l’a conduit vers une destination que nous ignorons», ajoute cette source.
Le 29 septembre 2015, Djibrill Bassolé avait été mis aux arrêts puis incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction des armées, là où sont détenus les 107 inculpés dans l’enquête judiciaire sur le putsch raté.
En juillet dernier, le juge d’instruction avait abandonné plusieurs charges contre lui, ne retenant que la «trahison» et la «collusion avec une puissance étrangère», une charge visant la Côte d’Ivoire, notamment. L’une des pièces essentielles de l’accusation à son encontre : des enregistrements d’écoutes téléphoniques de conversations -supposées- entre Djibril Bassolé et Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne.
rfi.fr et jeuneafrique.com