S’inscrire dans le processus onusien concernant le Sahara occidental, accepter «le projet d’autonomie pour les provinces du Sud» proposé par le Maroc et arrêter de leurrer l’opinion, c’est l’invite faite au Front Polisario par le politologue Mohammed Benhammou, professeur à l’université Mohammed V-Souissi de Rabat.

Par Mamadou T. DIATTA – La sortie du chef de la diplomatie du Front Polisario, Mohamed Salem Ould Salek, sur Rfi, affirmant notam­ment que le conflit était toujours en cours au Sahara occidental et mettant en cause la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur ce territoire ne convainc pas le politologue Mohammed Benhammou, professeur à l’université Moham­med V-Souissi de Rabat. Ce dernier, qui est aussi président du Centre marocain des études stratégiques (Cmes), est d’avis que «le chef de file des auxiliaires de la diplomatie algérienne parle d’une guerre qui n’existe que dans sa tête, c’est une guerre virtuelle ! Il y a bien sûr l’ensemble de la Communauté internationale, les représentants des Nations unies -en l’occurrence la Minurso-, donc plusieurs acteurs, et personne ne parle de cette guerre si ce n’est le Polisario».
Evoquant «les grandes batailles à venir», l’universitaire estime que «le Polisario n’a pas les moyens de mener une quelconque guerre. Il est clair que la position de l’Algérie, ce qu’elle sera prête à faire ou ne pas faire, déterminera l’avenir de la situation : stabilité ou guerre dans notre zone. Ceci étant, si le territoire national est menacé, le Maroc ripostera».
Le professeur Mohammed Benhammou, pour réagir à un éventuel revirement de la position américaine sur le Sahara qui n’est pas exclu par le chef de la diplomatie du Polisario, dira : «Depuis le 10 décembre dernier, le Président américain Trump a signé le décret de reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara marocain. Ce n’est pas un acte qui est lié à une personne mais c’est une décision des Etats-Unis d’Amérique. Depuis, la nouvelle Administration jeudi dernier, avec Ned Price qui est le porte-parole du département d’Etat américain et qui parle au nom de la diplomatie américaine, a confirmé que la position des Etats-Unis reste inchangée sous l’Adminis­tration Biden. On ne peut pas être plus clair ! Tous les éléments aujourd’hui prouvent que cette décision, qui s’installe dans la continuité, représente un tournant majeur dans l’évolution de ce dossier».
Interpellé sur le rejet de 13 candidatures au poste de Représentant spécial de l’Onu, le président du Centre marocain des études stratégiques (Cmes) fait savoir : «Le Maroc bien sûr a eu quelques positions et réactions sur certains candidats, mais l’Algérie -je ne parle pas du Polisario mais plutôt de l’Algérie- a repoussé plusieurs candidatures. Main­tenant, il faut voir les choses autrement. Depuis le cessez-le-feu en 1991, on est entré dans un processus onusien, et depuis il y a eu des évolutions !»
Pr Mohammed Benhammou rappelle la proposition marocaine de 2007 de «projet d’autonomie pour les provinces du Sud». «C’est un projet qui a été qualifié par la Communauté internationale de crédible et sérieux. Depuis, d’ailleurs, on assiste à une évolution dans la position des Nations unies et du Conseil de sécurité qui a définitivement enterré le référendum et qui parle depuis 2007, pratiquement, de la solution politique acceptée par les parties», fait remarquer l’universitaire marocain. Ce dernier accuse l’Algérie de vouloir «maintenir un statu quo» et de tenir à «revenir à un Etat antérieur à 2007, antérieur à 1991, avec une position rigide de continuer avec persistance et sans relâche à ne parler que de référendum, alors que ce sont les Nations unies qui ont abandonné ce choix». Au même moment le royaume chérifien, soutient le Pr Benhammou, «s’inscrit dans la recherche de cette solution politique».
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