Depuis quelques jours, le poète Amadou Lamine Sall est en pleine campagne de candidature pour le Sénégal au poste de Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) dont l’élection se tient en décembre 2025 au Cambodge, au cours du Sommet de la Franco-phonie, en présence des chefs d’Etat des pays membres de la Francophonie. Une candidature solitaire fragilement appuyée par Alioune Tine, son ami et acteur de la Société civile. Le poète Lamine Sall, qui s’enorgueillit récemment du Prix non officiel de poésie en Chine, distinction de complaisance pour quelqu’un dont l’œuvre poétique n’a jamais été traduite en chinois. Au plan des distinctions littéraires au Sénégal, en Afrique et à travers le monde, des écrivains et poètes sénégalais se sont illustrés : Ousmane Sembène, Aminata Sow Fall, Cheikh Hamidou Kane, Amadou Elimane Kane, Cheik Aliou Ndao, Ken Bugul, Rakhmatou Seck Samb, Mariama Ndoye, Sokhna Benga, Boubacar Boris Diop, Mbougar Sarr, Fama Diagne Sène, Louis Camara, Seydi Sow, entre autres. Sur les plus hautes lettres sénégalaises, Amadou Lamine Sall n’y figure pas. Ni lauréat du Grand Prix du chef de l’Etat pour les lettres ni lauréat de distinctions littéraires prestigieuses et crédibles. Alors, c’est facile de squatter les médias pour s’autoproclamer meilleur poète. Que les autorités se le tiennent pour dit. Amadou Lamine Sall n’a pas l’étoffe intellectuelle, la carrure d’homme d’Etat pour être le candidat du Sénégal à la Francophonie. Les nouvelles autorités sénégalaises, assez responsables et conséquentes, sont loin d’imaginer de proposer la candidature de Amadou Lamine Sall, qui n’est pas au fait des enjeux géo-politico-culturels du monde francophone.

Lamine Sall est un agent du ministère de la Culture qui gère, de manière solitaire, le projet Mémorial de Gorée depuis plus de vingt ans. Et ce projet n’est jamais sorti de terre. Aucune expérience professionnelle internationale, aucun poste stratégique, ministériel et/ou étatique, Amadou Lamine Sall ignore la géostratégie culturelle mondiale et la géopolitique internationale. Agé de 73 ans, comment Lamine Sall, sans vision de stratégie et de politique culturelle africaine, voire internationale, peut prétendre diriger l’Organisation mondiale de la Francophonie. Quelle mouche l’a piqué ? Sa candidature est une farce. Que Lamine Sall sache raison garder.

Pour rappel, le poste de Secrétaire général de l’Oif a été occupé par Boutros Boutros Ghali, ancien ministre des Affaires étrangères d’Egypte, devenu plus tard Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), Abdou Diouf, ancien président de la République du Sénégal, Michaelle Jean, ancienne Gouverneure du Canada, actuellement par Louise Mushikiwabo, ancienne ministre des Affaires étrangères du Rwanda.

Pour le poste de Secrétaire général de l’Organisation international de la Francophonie (Oif), le Sénégal est pourvu de candidats de gros calibre tels que l’ancien ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio, ancien Envoyé spécial de la Francophonie au Mali, l’ancien ministre Abdoulaye Bathily, les anciens ministres en charge de la Culture comme l’écrivain-philosophe Abdoulaye Elimane Kane, l’historienne Penda Mbow, l’écrivain Amadou Tidiane Wone, le philosophe-informaticien Mamadou Diop Decroix, le critique et écrivain Makhily Gassama, et aussi des personnalités intellectuelles comme le philosophe agrégé Souleymane Bachir Diagne, l’historien Mamadou Diouf, le juriste Adama Dieng, Envoyé spécial de l’Union africaine, Aminata Touré, ancienne Première ministre, actuelle représentante auprès du président de la République, le chercheur Pape Massène Sène, ancien directeur de Cabinet à la Francophonie, ancien Secrétaire général du ministère de la Culture du Sénégal…

Alors, le Sénégal a mieux que Lamine Sall. Que sa dizaine d’amis de souteneurs, sans ambition pour le Sénégal, déchantent. L’Etat du Sénégal fera face à cette diversion de mauvais goût. La République prendra la décision idoine.
Abdou SAMB
Professeur de Lettres modernes
Citoyen sénégalais