Selon le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (Cf2r), la France est touchée par un «risque sociétal sectaire extrêmement important» qui se traduit par celui «islamiste en entreprise». Eric Denécé, qui faisait une présentation sur «les nouvelles menaces auxquelles nos sociétés» sont confrontées à l’ouverture du 5ème Congrès de Francopol qui se tient depuis hier à Dakar, informe que cette question est inquiétante parce qu’elle n’est pas médiatisée.

«Les nouvelles menaces auxquelles nos sociétés sont confrontées et les réponses apportées par les services de police.» C’est le thème abordé hier par Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (Cf2r) à l’ouverture du 5ème Congrès de Francopol qui se tient à Dakar. Parlant des menaces, M. Denécé a abordé les risques sociétaux dont celui «islamiste en entreprise». Le directeur du Cf2r, qui souligne que la France est beaucoup plus touchée par ce phénomène que les autres pays européens, informe que ce n’est pas un risque terroriste ou criminel mais «un risque militant au sein de l’entreprise dont le but est de convertir  les Français de souche, de récupérer les compatriotes musulmans, changer les règles dans l’entreprise avec une volonté d’imposer un certain nombre de règles». Analysant cette situation, M. Denécé la trouve inquiétante «parce que ces problèmes se multiplient dans la mesure où ils ne sont pas politiquement corrects, ils sont très rarement évoqués dans la presse». Le plus inquiétant, à son avis, c’est «de voir des chefs d’entreprise français dire que si ça continue, nous n’allons plus prendre un seul salarié issu de l’immigration ou musulman dans l’entreprise parce que nous avons eu une, deux, trois, quatre fois des cas de conversion». Pour lui, «c’est débile d’en arriver à ces extrémités de cette nature mais le risque sociétal sectaire est extrêmement important». «Nous sommes en train d’avoir en France un début de débat sur le sujet mais c’est quelque chose qui devrait être plus médiatisé», a-t-il recommandé.
Autres problèmes soulevés par Eric Decéné lors de sa présentation, ce sont les risques liés à la perte de repère, le désœuvrement (à cause du chômage) et les Technologies de l’information et de la communication (Tic). D’après cet expert du renseignement, ces «3 piliers donnent naissance à un tas de nouvelles causes, de nouvelles idéologies lesquelles connaissent un véritable mouvement». Un autre risque sociétal décelé par M. Decéné, c’est «la revendication immédiate et abusive des nouveaux arrivants». Remontant à l’histoire migratoire de la France, il relève qu’au «niveau de la société française, les différentes régions ont connu une situation d’immigration intérieure tout au long des siècles, or la situation actuelle n’est absolument pas différente de celle-ci, elle n’est pas meilleure mais elle est loin d’être pire». Seulement, souligne-t-il, «elle se caractérise par quelque chose qui n’existait pas», c’est-à-dire «cette revendication de droits, davantage de reconnaissance, qui vient profondément déstabiliser la société». A cela, il ajoute «certaines attitudes sur la culpabilité liée au passé colonial ou d’autres sujets», faisant «qu’on a un véritable phénomène d’interrogation, de doute». Poursuivant ses explications, il soutient que la France étant un pays démocrate, elle «se doit de respecter et de protéger ses minorités». Mais précise-t-il, «ce ne sont pas les minorités qui font la loi». Cette situation, d’après le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, a conduit à «une inversion totale avec une volonté d’influence extrêmement forte pour changer les règles du jeu».
Placé sous le thème «Gestion des risques et des nouvelles menaces», le 5ème Congrès de Francopol, qui se tient pour la première fois dans un pays africain, réunit «quelque 160 personnes en provenance d’une vingtaine de pays, principalement des hauts responsables de services de police et de gendarmerie, d’écoles de police et de gendarmerie ainsi que des partenaires universitaires et institutionnels du milieu de la sécurité publique de la Franco­phonie». Cette rencontre, qui va durer 3 jours, sera une occasion d’échanger et de partager les bonnes pratiques en matière de lutte contre le terrorisme, la cybercriminalité, les flux migratoires entre autres questions sécuritaires.
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