Les ministères de la Justice et de la Fonction publique ont convenu de mettre en place un dispositif de formation spécifique pour les greffiers, en collaboration avec le Centre de formation judiciaire. Le ministère de la Justice s’est engagé à «conduire cette réforme dans un esprit de dialogue et de concertation, dans le respect des droits légitimes des agents de l’Etat et dans l’intérêt supérieur du service public de la Justice».Par Dieynaba KANE – 

La grève conjointe du Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) et de l’Union nationale des travailleurs de la justice (Untj) a totalement paralysé le système judiciaire. Face à cette situation, le ministère de la Justice a réagi à la crise dans son secteur provoquée par ce mouvement d’humeur du Sytjust et de l’Untj qui perdure. Dans un communiqué, le département dirigé par Ousmane Diagne informe avoir initié des concertations avec le ministre de la Fonction publique, Olivier Boucal. Selon les auteurs du document à l’issue des concertations entre les deux ministères, il a été convenu de mettre en place un «dispositif de formation spécifique, élaboré en collaboration avec le Centre de formation judiciaire».
Ce programme, renseigne le ministère de la Justice, «tiendra compte de l’expérience acquise par les agents concernés, dans une démarche de valorisation des parcours professionnels». D’après la même source, le ministre Ousmane Diagne s’est engagé «à conduire cette réforme dans un esprit de dialogue et de concertation, dans le respect des droits légitimes des agents de l’Etat et dans l’intérêt supérieur du service public de la Justice».
Par ailleurs, le ministère de la Justice précise dans son document que les greffiers revendiquent «l’alignement de l’ensemble des greffiers de la hiérarchie B2 à la hiérarchie A2, ainsi que le reclassement des agents des hiérarchies B et C ayant atteint un certain nombre d’années à la hiérarchie B2, selon les modalités qu’ils ont eux-mêmes définies».
Reste à savoir si cette solution proposée par le ministère de la Justice va amener les syndicats dudit secteur à suspendre leur mouvement de grève. En entamant leur grève, les syndicalistes avaient expliqué dans un document que «depuis 2018, une substitution frauduleuse de décrets signés par le président de la République bloque l’alignement des greffiers à la hiérarchie A2 et la création effective du corps des assistants des greffes et parquets». Ils avaient souligné qu’en «dépit des tentatives de correction par plusieurs ministres de la Justice, un noyau de juristes de la Fonction publique continue d’opposer des avis juridiques sans fondement». Ce que le Sytjust qualifie de «trahison de la parole de l’Etat que les institutions doivent urgemment corriger».
Revenant sur les faits, le Sytjust avait expliqué dans sa note que «le Conseil des ministres du 25 juillet 2018 a validé deux projets de décrets, issus d’un long processus participatif et technique, ne prévoyant aucune condition préalable de formation pour l’alignement des greffiers à la hiérarchie A2, conformément à la revalorisation statutaire décidée, la constitution du corps des AGP, via le reclassement d’agents des hiérarchies B et C, ayant une ancienneté d’au moins cinq ans au ministère de la Justice». Mais à l’étape finale, renseignent Me El Hadji Ayé Boun Malick Diop et ses camarades, «ces deux textes ont été substitués par d’autres, signés par le président de la République à son insu, sur la base d’une confiance manifestement trahie». A les en croire, «ces nouveaux décrets -le n°2019-575 du 5 février 2019 et le n°2019-413 du 30 janvier 2019- ont introduit des dispositions transitoires frauduleuses, imposant des formations préalables, jamais validées par les instances gouvernementales».
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