Gaspillage dans les cérémonies familiales : La calebasse de solidarité, une solution

Instrument d’entraide et d’épargne solidaire, le programme de la calebasse de solidarité, qui a déjà enrôlé 62 053 femmes et 4583 hommes dans 11 régions du Sénégal, se positionne de plus en plus en alternative face à la problématique du gaspillage dans les cérémonies familiales.Par Cheikh CAMARA –
«Une femme sénégalaise peut travailler pendant toute l’année et tout gaspiller en une journée, lors d’une cérémonie familiale.» C’est avec regret que le Coordonnateur national d’Action de Carême au Sénégal, Djiby Thiam, dit avoir constaté cet état de fait. Il remarque que «l’étude de référence de 2005 montre qu’au Sénégal on travaille bien, on gagne beaucoup d’argent, mais on gaspille beaucoup». Ainsi de décrier «l’ampleur du gaspillage dans les cérémonies familiales», soulignant que «ce gaspillage constitue des trous dans les poches des ménages».
Le programme de la calebasse de solidarité, mis en mouvement par le Réseau national des organisations de lutte contre la soudure et l’endettement (Renolse), avec l’appui de la Coordination nationale d’Action de Carême (AgriBio Services), est en train de lutter, à sa manière, contre ce fléau social. Il a, en effet, déjà enrôlé 62 053 femmes et 4583 hommes dans 11 régions du Sénégal. C’est à travers la signature de conventions locales dont 65 ont été signées par 9855 membres, et qui ne sont rien d’autre que l’ensemble des règles que les communautés acceptent, pour célébrer leurs cérémonies familiales, tout en gardant leurs ressources. En effet, note Djiby Thiam, «le gaspillage est un élément qui est très négatif pour la soudure et l’endettement, pour la simple raison qu’il vient les renforcer et même les mettre en échelle». Pour cette raison, dit-il, le programme travaille aussi sur des stratégies de réduction du gaspillage, avec des mécanismes locaux, des règles locales acceptées par les communautés, d’autant plus qu’il y a une loi, mais qui, pour le moment, ne donne pas les résultats escomptés.
663 209 310 francs mobilisés en 2022
Il ressort de la journée de partage des résultats 2022 de la calebasse de solidarité, que le programme a pénétré, à ce jour, 11 régions du pays et se trouve ainsi dans 26 département et 126 communes, pour un total de 2140 calebasses dont 578 dans la région de Thiès, contre 1606 en 2021 et 1422 en 2020. Le nombre de membres a également connu une ascension, passant de 54 814 en 2021 à 66 636 en 2022, pour un montant global de 663 millions 209 mille 310 francs Cfa. Des crédits importants ont été octroyés aux membres dans les 3 domaines stratégiques que sont la santé avec 5134 crédits pour un montant de 43 millions 165 mille 970 Cfa, l’éducation avec 3066 crédits pour 27 millions 203 mille 700 francs Cfa et la nourriture avec 7334 crédits qui ont nécessité la mobilisation d’une enveloppe de 61 millions 578 mille 285 francs Cfa.
Et sur les 15 534 crédits octroyés, seuls 634 n’ont pas été remboursés, soit 1, 18%, pour cause de déménagement ou de décès du membre. Selon Djiby Thiam, ces résultats sont obtenus grâce à la mobilisation des partenaires et la bonne voie est ainsi balisée, dans le cadre de la lutte contre la soudure et l’endettement, et il suffit de jeter un regard sur les programmes sociaux développés par l’Etat pour soutenir les couches vulnérables pour mieux s’en rendre compte.
Cependant, précise le Coordonnateur national d’Action de Carême au Sénégal, «ce programme ne peut pas satisfaire tout le monde, tellement la demande est forte, d’où l’importance de mettre en place d’autres mécanismes, pour appuyer ce que fait l’Etat». Il rappelle que le programme des calebasses de la solidarité atteint des personnes qui sont dans un niveau de vulnérabilité tel qu’elles ont du mal à accéder à certains services sociaux de base, notamment la santé, l’éducation et la nourriture. Selon lui, les défis pour 2023 tournent autour de la clarification des concepts pour que cette approche calebasse de la solidarité soit mieux connue. S’y ajoute une mise à l’échelle complète, pour atteindre les 14 régions du pays. Il trouve «important» d’avoir de «bons résultats en 2022», mais, souligne-t-il, «c’est aussi mieux de les consolider en 2023, pour que les progrès réalisés ne puissent pas connaître un recul».
Correspondant