Le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba) veut renforcer les capacités des responsables de conformité des institutions financières et des entreprises et professions non financières désignées (Epnfd) dans la mise en œuvre des mesures de blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (Lbc/ft).Par Alioune Badara CISS(Correspondant)

– Les résultats des premier et second cycles d’évaluation mutuelle du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba) révèlent un niveau généralement faible de conformité des entités déclarantes en raison de plusieurs facteurs, notamment l’absence de compréhension approfondie du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme (Bc/ft) et un engagement insuffisant de la haute direction des institutions financières dans la mise en œuvre des normes de lutte contre le (Lbc/ft).
Face à cette situation, le Giaba tient depuis hier un atelier régional de renforcement de capacités de trois jours à l’intention des responsables de conformité des institutions financières et des entreprises et professions non financières désignées (Epnfd) sur les questions émergentes de Bc/ft en Afrique de l’Ouest. Kimé­labalou Aba, directeur général du Giaba, explique : «A ce jour, le Giaba a pu adopter sept rapports d’évaluation mutuelle. Et nous avons constaté qu’en ce qui concerne les institutions financières et les entreprises de profession non financières désignées, le niveau d’efficacité est faible ou modéré. Et au regard de ces faiblesses, nous avons pensé utile d’organiser le présent atelier à l’intention de ces parties prenantes pour renforcer leurs capacités dans la mise en œuvre des mesures de blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (Lbc/ft). Et espère-t-il qu’à l’issue de cet atelier, «les participants seront en mesure d’entreprendre des évaluations sectorielles des risques pour comprendre ceux auxquels les institutions financières et les entreprises de profession non financières désignées sont confrontés».
Au sortir de cet atelier, ces acteurs seront également capables de prendre et de mettre en œuvre des mesures préventives adéquates de Lbc/ft. «Nous espérons qu’ils comprendront leurs responsabilités, afin de pouvoir faire des déclarations d’opérations suspectes dans les transactions avec leurs clientèles lorsqu’ils estiment, dans le cadre de ces transactions, qu’il y a des soupçons sur, soit les fonds soit les personnes mêmes qui font des opérations avec ces différentes entités», a dit le directeur général du Giaba.
Selon Ramatoulaye Gadio Agne, présidente de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), parler des questions émergentes de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme dans le contexte actuel de lutte contre le Covid-19 est plus d’actualité, surtout à côté des risques émergents, notamment liés à l’identité numérique et aux archives virtuelles. «En effet, dans le contexte mondial sanitaire lié au Covid-19, nous avons fait le constat que de nouvelles pratiques criminelles génératrices ou créatrices de fonds illicites procèdent comme le virus, en s’adaptant et en produisant leur variant qu’il tente d’exporter à travers le monde entier. A cela, nous sommes confortés d’ailleurs par les travaux d’Interpol, du Gafi, du Giaba et encore du groupe Egmont et des cellules de renseignement financier qui ont démontré à suffisance que les questions émergentes devraient être prises en compte de façon systématique dans les réponses contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, à la suite des évaluations sectorielles et nationales des risques», a expliqué le point focal du Giaba au Séné­gal.

Le Dg du Giaba sur le projet de loi sur le terrorisme : «Le Sénégal doit avoir des textes juridiques plus adéquats»

Le directeur général du Giaba s’est également prononcé sur le projet de loi sur le terrorisme au Sénégal. Selon Kimélabalou Aba, même si le Sénégal reste un bon élève, il doit avoir des textes juridiques plus adéquats.  Le Sénégal a été évalué depuis 2017 et son rapport d’évaluation mutuelle a été adopté de façon définitive en avril 2019. Et dans l’ensemble, comme dans les autres pays de la sous-région, en matière de conformité technique, le directeur général du Giaba a soutenu que des efforts ont été faits «puisque les lois sont en place, même si elles ne sont pas suffisamment con­formes aux recommandations du Gafi. C’est en matière d’efficacité que le problème existe aussi bien au Sénégal que dans les autres pays. Comme je viens de le mentionner, les sept pays que nous avons évalués ont montré des faiblesses en matière d’efficacité», a rappelé M. Aba.
Sur les raisons, il souligne que «les parties prenantes n’ont pas suffisamment de moyens pour faire face à leurs obligations. Elles n’ont pas aussi les textes juridiques adéquats dans certains secteurs pour pouvoir travailler de façon efficace…», a déclaré le Dg du Giaba.
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