Alors que le système judiciaire est totalement à l’arrêt, le gouvernement a procédé aussi aux ponctions des salaires des grévistes. En l’absence de négociations, cela suffira-t-il pour casser la grève ? Par Bocar SAKHO –

 L’Entente Sytjust-Untj a décrété hier 72h de grève en dénonçant «une substitution frauduleuse des projets de décrets et un blocage administratif persistant». Ce mouvement d’humeur perturbe le fonctionnement des différentes juridictions au niveau du Palais de justice de Dakar. Par exemple, le Tribunal du commerce est totalement à l’arrêt : «il n’y a pas d’audience, pas d’enrôlement de décision rendue», annonce un interlocuteur. Au niveau de la Cour d’appel, les différentes chambres civiles ne tiennent pas aussi d’audiences.

Par ailleurs, le Tribunal de grande instance (Tgi) de Dakar essaie de fonctionner avec un service minimum avec des greffiers ad-hoc, à savoir des gendarmes. «Le Tribunal correctionnelle fonctionne avec un service minimum, avec une ou deux chambres, ainsi que les chambres civiles, les dossiers ne sont pas vidés. Cela veut dire qu’il n’y a pas de délibéré», ajoute-t-il.

Après les réquisitions, ponctions sur les salaires
Après les réquisitions qui ne semblent pas avoir l’effet escompté, le gouvernement a ponctionné les salaires des grévistes. Certains se sont retrouvés avec 0 F Cfa, surtout pour ceux qui ont débuté leur mouvement depuis le 18 juin. «Certains appelaient à la solde pour demander ce qui se passait. On leur a dit que c’est à cause des ponctions. Cela va continuer le mois prochain. Il y a ceux qui ont même des moins…», note une source. Cette mesure va-t-elle casser le mouvement ? «En tout cas, les ponctions vont se poursuivre», prévient une autre source.

Il faut savoir que les syndicats rappellent que les accords ont été validés en Conseil des ministres le 25 juillet 2018. Parmi les principales revendications figurent : «L’aligne­ment des greffiers sur la hiérarchie A2 sans condition de formation préalable, une mesure qui aurait déjà été appliquée à d’autres corps de la Fonction publique. Le reclassement des agents expérimentés dans le corps des assistants de greffes et parquets, une demande jugée légitime au regard des pratiques observées ailleurs dans l’Administration.»

Face à l’absence de dialogue constructif, l’Entente Sytjust-Untj exige désormais «l’ouverture immédiate de négociations de haut niveau». Les syndicats veulent que ces discussions impliquent directement «le Premier ministre, le ministre de la Fonction publique, le ministre des Finances et le ministre de la Justice». Ils rappellent que des préavis de grève avaient déjà été déposés les 7 et 15 février 2025, sans que des solutions concrètes ne soient apportées. Pour les travailleurs de la Justice, cette nouvelle grève est un ultime recours pour faire entendre leurs revendications. «la Justice ne peut fonctionner sans respect, ni vérité ni engagement de l’Etat», a souligné l’Entente. Ce mouvement de protestation intervient après des années de blocage administratif et de promesses non tenues, selon les syndicats.
bsakho@lequotidien.sn