Guinée – Doumbouya et ses hommes face aux politiques : Vers la fin du round d’observation avec la junte

Plusieurs partis politiques en Guinée, estiment que le Colonel Mamady Doumbouya n’a pas respecté ses promesses.Par Aliou DIALLO
– En Guinée, c’est la désillusion et la méfiance envers la junte au pouvoir, pour nombre de leaders de partis, écrit Jeune Afrique. La même source révèle que les politiciens guinéens estiment ne pas être écoutés par la junte dirigée par le Colonel Mamady Doumbouya. «Tout le monde sait que le pouvoir de Transition n’a pas tenu compte de ces consultations. Toutes nos propositions ont été mises de côté et le pouvoir a fait ce qu’il a voulu», fulmine un cadre d’un parti politique guinéen, qui a requis l’anonymat auprès de JA.
En septembre dernier, juste après sa prise du pouvoir, la junte avait lancé de grandes consultations nationales. Au cours de ces rencontres, les représentants de partis, opposants à Alpha Condé en tête, étaient présents. Face au Peuple, le tombeur du Président Alpha Condé avait promis un changement de gouvernance. Trois mois après, beaucoup ont perdu espoir. «Lorsque la charte a été publiée, ce fut la surprise : rien de ce qui figurait dans nos propositions, n’avait été retenu. Ni le gouvernement de 23 ministres, ni le Conseil national de Transition de 150 membres que nous suggérions», se désole aussi Mamadou Sylla, président de l’Union démocratique de Guinée et de la Convergence pour la renaissance de la démocratie en Guinée (Corede). Ce dernier se demande : «Comment voulez-vous qu’on s’en sorte avec un Cnt de 81 membres dont 15 sièges pour la classe politique, alors qu’il y a 200 partis ? Et pour la formation du gouvernement, c’est pareil, nous n’avons pas été consultés.»
Pour lui, le Colonel Mamady Doumbouya ne tient pas ses promesses. «Il faudrait qu’il respecte la charte sur laquelle il a prêté serment, même si elle n’est pas l’émanation du Peuple», soutient-il.
Après sa prise de fonction, le président de Transition avait affirmé que les partisans du troisième mandat contesté de l’ex-chef d’Etat, Alpha Condé, ne seront pas de la Transition. Mais dans les faits, dans certains services comme la douane, les finances, ce sont toujours les mêmes qui sont là.
Les formations politiques commencent à s’organiser. Au début du mois, une nouvelle force dénommée le Collectif des partis politiques (Cpp), a été mise en place par les principales formations politiques guinéennes, excepté l’ancien parti au pouvoir, le Rpg arc-en-ciel. En effet, la classe politique guinéenne cherche ainsi à avoir des positions communes face aux questions cruciales de l’heure. Ces questions ont pour nom : le chronogramme et la durée de la Transition, le Code électoral, l’organe de gestion des élections, le fichier électoral, la Constitution. Une source a confié à Jeune Afrique que «si la classe politique s’unit aujourd’hui, c’est parce que nous ne nous sentons pas entendus».
Le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé, a récemment tenté de rassurer les leaders des partis politiques. Il a déclaré que «les mémorandums qu’ils ont reçus lors des consultations nationales, leur ont permis d’élaborer la charte de la Transition, de mettre en place un gouvernement 100 % civil et conduire les actions du pays».