Habitat – Réduction du déficit de logements : Le privé veut prendre en charge la moitié des constructions

La balle est dans le camp de l’Etat. Avec un besoin de logements estimé à près de 600 mille, le privé national propose de résorber ce gap de moitié. Le programme initié par le patronat n’attend que l’aval des autorités pour démarrer la construction de 300 mille logements.
Par Malick GAYE –
«On nous a toujours reproché de ne pas prendre d’initiatives», se désole Oumar Ndir du Syndicat professionnel des entrepreneurs de bâtiments et travaux publics du Sénégal (Spebtps). Ce membre du Conseil national du patronat (Cnp) s’est présenté hier au Forum d’affaires franco-sénégalais avec un projet qui devait aider à se débarrasser de cette image. Il s’agit du programme de production de 300 mille logements pour une période comprise entre 5 et 10 ans.
Ainsi, le Spebtps va mutualiser ses efforts avec ceux du Regroupement des promoteurs privés immobiliers du Sénégal (Rppis) et du Syndicat national du bâtiment et des travaux publics (Snbtp) pour construire 300 mille logements. L’objectif est de réduire de moitié les besoins en logements au Sénégal, estimés à près à 600 mille logements. L’objectif exige des concertations pour la création d’un consortium. Ce dernier va permettre l’accès facile à un logement décent et abordable aux populations à faibles revenus.
Le consortium ambitionnera de mettre en place une société anonyme avec un capital de plusieurs milliards de francs Cfa, entièrement souscrit par les entreprises du Btp et de promotion immobilière du secteur privé national. Un partenariat public-privé choisi comme modèle économique. Selon Oumar Ndir, le programme ne va pas se limiter à construire et vendre des logements. Il va être la base de l’industrialisation du secteur des Btp. «Le programme va permettre de former plusieurs milliers de jeunes aux métiers du bâtiment. Avec ce volume de construction, nous allons vers la création et l’implantation en zone économique spéciale d’usines de production de sanitaires, de luminaires, de carreaux, de câbles électriques, de peinture, de portes, de fer à béton et de profilés aluminium», a-t-il expliqué.
Naturellement, le concours de l’Etat est attendu pour mener à bien ce programme. Ainsi, le privé local souhaite que les pouvoirs publics mettent à sa disposition le foncier nécessaire, en plus de la prise en charge totale ou partielle des Vrd, une subvention et incitation fiscale, en réduisant les taxes pour les promoteurs afin de faciliter l’accès aux matériaux de construction.
Ce projet représente, selon Oumar Ndir, une opportunité pour le Sénégal de moderniser son offre de logements tout en favorisant une croissance économique inclusive. Faut-il le rappeler, la Snhlm doit construire 25 000 logements sociaux. Son Directeur général avait même signé un protocole d’accord «non engageant» avec une entreprise française pour importer une technologie sur le béton afin d’atteindre son objectif. L’entente conclue entre les deux parties avaient fait grand bruit. Le gouvernement «souverainiste» a été attaqué par le Patronat national, qui a fustigé «un manque de respect». Snhlm, pour se dédouaner, a parlé d’un «impératif de résultats», avant d’ajouter que le contrat signé avec l’entreprise française n’est pas contraignant.
Avec sa nouvelle proposition, le privé national fait un pas vers les décideurs publics. C’est désormais à l’Etat d’apprécier.
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