Par Dialigué FAYE – 

Après près cinq ans de mise en œuvre de l’harmonisation transitoire des tarifs de l’électricité, l’Etat a pris la décision d’aller vers une harmonisation intégrale. Cela, afin que l’ensemble des citoyens sénégalais, quelle que soit la zone dans laquelle ils se trouvent, puissent payer le même prix de l’électricité pour le même service.
En ce sens, la Commission de régulation du secteur de l’énergie (Crse) a réuni hier tous les acteurs afin de voir comment lever les différentes contraintes qui ont été identifiées dans la mise en œuvre de la phase transitoire.
«L’harmonisation tarifaire entraîne un manque à gagner pour les opérateurs d’électrification rurale et l’Etat s’est chargé jusqu’ici de payer les compensations. Mais on a noté beaucoup de retard dans le paiement de cette compensation tarifaire. Il s’y ajoute que cette harmonisation intégrale va entraîner beaucoup de changements», souligne Ibrahima Amadou Sarr, président de la Crse.
Par rapport à ces changements, les concessionnaires craignent qu’il y ait une hausse des tarifs de l’électricité pour certains clients. «Il y aura une hausse qui pourrait aller jusqu’à plus de 60%, notamment pour les clients du secteur productif. Etant donné qu’ils consomment beaucoup d’énergie, ils vont aller sur la tranche la plus élevée, au lieu de payer 90, 17 francs, ils vont se retrouver à payer la tranche de 136 francs, voire même 159 francs. Nous sensibilisons l’autorité afin de voir dans quelle mesure cette harmonisation intégrale pourrait être assortie d’étapes, pour éviter que cette hausse ne soit subie de manière forte», explique Léopold Mbar J. Faye, Directeur général de la société d’électrification rurale Era (Energie rurale africaine).
Le régulateur en est aussi conscient. «La mise en œuvre de l’harmonisation intégrale va entraîner un surcoût, et par conséquent des tarifs plus élevés», affirme le président de la Crse. Mais, assure-t-il, «le gouvernement est en train de travailler, avec l’appui du Millennium challenge account Sénégal II (Mca- Sénégal II), pour aller dans le sens d’avoir une tranche sociale qui devrait permettre aux ménages à faible revenu de pouvoir bénéficier d’un certain nombre de faveurs. Ce principe est déjà en cours, car ceux qui sont dans la première tranche n’ont pas jusqu’ici connu une évolution dans le paiement de leur tarif qui est de 91,17 francs Cfa par Kwh. Dans le cadre du plan tarifaire qui a été adopté par le gouvernement en 2022, l’équité sociale sera prise en compte parce que tout le monde ne peut pas être mis au même niveau».
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