André Froissard laisse orphelins sa famille biologique et tout le Walo, tant l’homme vouait un attachement viscéral à cette terre et ses populations.
Industriel et homme d’affaires, fin connaisseur de l’Afrique, continent où il a dirigé et redressé de grandes entreprises industrielles, André Froissard était convaincu que seul un développement endogène avec une agriculture et une industrie bien articulées pouvait relancer ou sauver les économies africaines.
Froissard, comme l’appelaient affectueusement les Walo Walo, fut un mohican, un manager efficace et déterminé dont l’empreinte, osons le dire, dépasse la direction de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css), filiale du groupe Mimran, une plantation de canne de 12 mille ha.
Au moment où le marché international du sucre est inondé par les productions excédentaires du Brésil, de l’Inde, André Froissard entreprend de moderniser l’outil de production et surtout de diversifier en produisant de l’éthanol pour consolider les activités de l’aval du groupe agro-industriel. Sa vision permit ainsi à la société d’assurer sa pérennité et de maintenir la qualité de l’output avec le sucre blanc de canne.
Le redressement de l’outil industriel ne fut pas une promenade de santé pour ce manager intrépide et téméraire. En effet, les années du régime libéral furent dévastatrices pour la Css, avec les importations massives de sucre, issues de la délivrance incontrôlée des Dipa et de la contrebande des marchandises à travers les frontières poreuses. D’ailleurs, le quatuor constitué du fondateur du groupe J. C. Mimran, de Diagna Ndiaye, conseiller du fondateur, de Louis Lamotte, directeur des ressources humaines, et de Froissard fut un squad de défense qui a permis à la Css de sortir la tête de l’eau. N’eut été ce quatuor et bien sûr l’actuel président de la République, soucieux de préserver le peu qui restait du tissu industriel local, l’usine de la Css de Richard Toll serait aujourd’hui un simple musée. Les syndicats et populations n’ont pas été en reste dans ce combat et André Froissard, en manager enraciné, le leur rendit bien.
Ne voyant dans les vastes terres du Walo et du Diéri que des opportunités, il prit toute sa part avec des investisseurs locaux et étrangers dans la révolution blanche en cours dans le nord du pays, avec la production record de paddy et le décorticage industriel de ce paddy en riz blanc apte à concurrencer la même denrée issue des importations.
En digne héritier de Richard dans sa bourgade éponyme, Froissard sera à jamais dans nos cœurs et nous ne manquerons de prier pour le repos de son âme.
Moustapha DIAKHATÉ
Expert et Consultant
Ex Conseiller Spécial à la Primature
Ex Conseiller Cabinet Président Cese
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