Le décès de Mansour Sow dit Bel, très actif à l’Us Gorée et à la commune de l’île, a beaucoup touché Me Augustin Senghor, président de l’Us Gorée et maire de l’île-mémoire. Témoignage.

«Bel, ainsi tu es parti à l’Aube du premier dimanche d’après Pâques ;
Bel, je ne te pleurerai pas car je suis fier de toi ;
Bel, je ne te pleurerai pas car tu n’aurais jamais accepté que l’on s’apitoie sur ton sort.
Bel, je ne te pleurerai pas car de ton vivant, tu as toujours été un modèle d’abnégation, de disponibilité et d’efficacité sans égal ;
Bel, je ne te pleurerai pas car tu m’as appris que dans cette vie, le commerce avec l’autre valait bien le sacrifice de soi-même ;
Bel, je ne te pleurerai pas car cela voudrait dire que je n’ai pas assimilé les leçons de vie que tu m’as enseignées par la parole et les actes tout au long de notre compagnonnage d’affection et surtout de vérité ;
Bel, je ne te pleurerai pas mais je te célébrerai comme mon héros à moi, pour avoir été témoin tout au long de ces années de tes combats pour les autres. Mais aussi de ton combat épique contre la maladie ;
Bel, je ne te pleurerai pas car je t’ai vu lors d’une dernière bataille acharnée repousser à maintes reprises avec une hargne et une détermination guerrières les assauts répétés de cet ennemi odieux et hideux qu’est la mort ;
Bel, je ne te pleurerai pas car la maladie n’a pas pris le dessus sur toi et la mort n’a pas eu raison de toi ;
Bel, je ne te pleurerai pas car si la mort pouvait mourir, elle mourrait de sa plus belle mort au sortir de votre bataille, exténuée et domptée qu’elle a été par ton courage et ta combativité ;
Bel, je ne te pleurerai pas car lors de notre dernière rencontre en tête à tête à l’hôpital tes derniers mots à mon endroit furent des gestes d’une éloquence fortifiante ;
Bel, je ne te pleurerai pas car quand tu as levé le pouce vers le haut, tu as voulu me dire : «j‘ai gagné, mission accomplie !» ;
Bel, je ne te pleurerai pas car quand tu m’as demandé de joindre mon poing fermé au tien, j’ai compris que tu voulais nous dire : «Je vous passe le flambeau des valeurs, tenez bon !»
Bel, je ne te pleurerai surtout pas car tout au long de mes visites à l’hôpital, j’ai trouvé ta Belle Marianne, stoïque à ton chevet, sans aucune larme écrasée mais plutôt avec ce sourire qui sait transformer aux yeux des autres un visage douloureux en un visage radieux et rassurant ;
Je ne te pleurerai pas Bel car une fois que tu t’es reposé, ta Belle Marianne a enfin pleuré, pour elle, pour vos enfants chéris, pour moi et tous ceux, nombreux, que tu as couvés au-delà de tes forces tout au long de ta vie bien remplie ;
Bel, je ne te pleurerai donc pas car te pleurer serait trahir notre pacte scellé dans un acier composite de fraternité, de confiance et de foi en Dieu ;
Pourquoi te pleurerai-je, Mansour ?
Bel par-ci, petit Bel par-là, Grand Bel à droite, Pa Bel à gauche, Tonton Bel à Mbambara, Mame Bel à Ndawragou, aux portes de ton Hôtel municipal, ton nom résonne encore et encore dans les rues empierrées de Gorée ;
Non Bel, je ne te pleurerai pas car tu as constamment symbolisé à tous les temps et dans tous les espaces le Bel Homme dans tout ce qu’il a de bon, de bien et de beau ;
Pourquoi te pleurerai-je Mohamadou ?
Bel tu fus, Bel tu es resté, Bel tu demeureras pour l’éternité ;
Bel, sans larmes ni lamentations, tu as pris congé et en cela, tu nous as montré la belle attitude de l’homme face à toute épreuve ;
Que me reste-t-il à te dire, Bel ?
Juste deux ou trois expressions que l’anglophile que tu étais me servais à chaque fois que nous venions de boucler avec succès une activité ou un projet au profit de notre chère île : «God Job, Mansour !« «Well done, Bel !» «Work in progress, Mohamoudou !«
Oui, notre compagnonnage est loin d’être fini car même dans l’Au-delà, tu demeureras un Bel
Exemple pour moi et bien d’autres qui t’ont côtoyé à Gorée, Dakar et dans le Monde car ton cœur ne connaissait pas de frontières.
Chapeau Bel ! Chapeau ! Merci, merci pour tout et au nom de Tous ! Belissimo ! Ceci n’est pas un hommage à titre posthume mais la célébration d’un homme qui vit dans mon cœur au-delà de la mort.
Augustin Senghor, Fils, Frère ou Maire, je ne sais plus… Tu m’as toujours appelé «M. le Maire» et tu savais que cela me dérangeait au plus haut point mais tu me disais que ton cursus de fonctionnaire international ne te permettait pas de m’appeler autrement. Dont acte !»