Paco Briz est un artiste rappeur se prépare à sortir le premier album de sa carrière. Paco Briz, qui a été influencé par son grand frère qui fut le manager du groupe «Sadiq Squad», parle, dans cet entretien, de son parcours artistique et des enseignements qu’il a tirés de la pandémie du Covid-19 qui, selon lui, a permis de prendre conscience qu’il ne faut pas seulement compter sur l’art pour vivre. Votre nom d’artiste, c’est Paco Briz, d’où vient ce nom ?

Je suis artiste yoffois, j’habite à Yoff, je suis né à Yoff. Paco Briz, c’est mon nom d’artiste. Paco, d’habitude, ce sont les gens qui se nomment Pape. On les surnomme Paco. Le Paco, c’est bien avant que je débute ma carrière, et le Briz, c’est quand j’ai décidé de faire ma carrière musicale dans le rap. J’ai choisi Briz par rapport à ma localité, mes origines, ma culture qui est léboue. Qui dit Lébou dit la mer et la pêche. Briz, c’est pour brise de mer. Et voilà, c’était juste pour montrer mon appartenance.

Vous êtes en train de travailler sur un nouvel album. Où en êtes-vous ?
Oui effectivement, là je suis en train de travailler sur mon album. On n’a pas encore fini l’album carrément. Mais là, on a donné en prélude un Ep de six titres. L’Ep se nomme Sn 221. Sn 221 c’est un avant-goût de l’album que je vais sortir. C’est constitué de titres comme Epique, Sn 221, Deug sur Deug ou Deuké ma Thioop, un son qui parle de la société, des gens qui t’affichent un beau sourire et qui n’hésiteront pas à parler en mal de toi, dès que tu as le dos tourné, des gens qui changent de veste dès que ça les arrange, le commérage, etc. Tumaal signifie accusé. Ce son parle de la société, de l’injustice au Sénégal et This my time, chacun son tour chez le coiffeur, comme dit l’adage.  Ce son retrace mon parcours et annonce mes perspectives. Juste pour dire que c’est mon heure. Ce sont des titres que j’ai choisis pour montrer un peu le travail qu’on est en train de faire et qui n’est pas encore abouti, pas encore fini. On est en train de montrer un avant-goût de l’album qu’on est en train de faire. L’Ep est déjà sorti et est disponible sur toutes les plateformes de téléchargement légales. Il est aussi disponible sous forme de Cd et de clef Usb. On a fait une sortie physique et digitale en même temps. Maintenant, place à la promotion. L’Ep Sn 221 est une œuvre pour montrer la manière sénégalaise de faire du hip hop. Vous savez que le hip hop est universel mais chaque artiste dispose d’une langue avec laquelle il le fait, à partir de laquelle il s’identifie. Sn 221 est une manière de valoriser, pour moi, la langue wolof. 221  étant l’indicatif du Sénégal. Ceci est un son représentatif  qui met en avant  le wolof sur un beat drill.

A quand la sortie de votre album ?
On n’a pas encore fixé de date ni dévoilé le titre. L’Ep Sn 221 annonce cet album. D’ailleurs, je vais le présenter ce 27 novembre, à l’hôtel Onomo. Ce sera ma première sortie, depuis la survenue de la pandémie.

Pouvez-vous revenir sur vos autres productions ? 
Mon premier Ep est Daanu Rap 1. 0, dont le premier sens, en le traduisant en wolof, veut dire «tomber en transe» et le deuxième sens veut dire «on fait du rap».  C’est mon premier projet que j’ai réalisé en 2018. C’est un projet qui compte dix titres. Le même jour, c’est-à-dire le 30 mars 2018,  je me suis produit à Sorano, à guichets fermés. C’est ce projet qui a lancé ma carrière.  Je me suis produit, en 2019, à guichets fermés au Grand Théâtre. C’est ce qui me vaut mes surnoms de King lébou et Paco aka guichets fermés.

Comment êtes-vous entré dans le hip hop ?
Le hip hop, j’y suis entré par passion. Au début, c’était la passion. Les choses ont pris forme et le hip hop est devenu pour moi une source de revenus et c’est là que j’ai commencé à y consacrer plus de temps.

Qu’est-ce qui a fait qu’on peut dire que le rap sénégalais a évolué ?
Je dirais que le rap évolue, côté musique. «Lyricalement», le rap est  toujours d’actualité aussi. Actuellement, on a des jeunes très ambitieux, dynamiques, on a des jeunes qui sont très talentueux, qui n’ont pas peur d’organiser des concerts, des spectacles. Ça se voit, à chaque fois, les jeunes essaient d’organiser des concerts. Imaginez des con­certs dans des stades à guichets fermés ! Il y a des jeunes qui prennent des initiatives, ils organisent des concerts à Sorano, au Grand Théâtre. Et l’esplanade du Grand Théâtre, c’est Wally Seck qui avait eu l’idée  de jouer là-bas. Ce sont les artistes comme  Youssou Ndour qui avaient l’habitude de s’y produire. Je peux dire que  l’évolution du rap est une évolution qui est  visible. Musicalement, on est bien, «lyricalement», on est bien et «businessment» parlant aussi. Des gens prennent des initiatives. Ça évolue et c’est un grand plaisir  de voir la nouvelle génération qui essaie d’entreprendre aussi, essaie d’innover, de mettre en avant ce hip hop sénégalais.

 La pandémie du Covid-19 a été, pour vous, un mal pour un bien, pour vous avoir permis d’ouvrir les yeux et ne pas compter seulement sur l’art pour vivre ? 
Pour dire vrai, au début, je n’étais pas du tout con­centré côté business. J’étais focalisé sur mon rap, la musique, ma carrière. L’esprit de compétition était là et je ne voulais pas rester derrière, je voulais tout le temps être devant. J’étais prolifique, je sortais beaucoup. A un moment donné, il y a eu la pandémie, malheureusement tout a été stoppé. Donc, il n’y avait plus de source de revenus pour nous les artistes et c’était comme ça un peu partout dans le monde. Donc, c’est là que je me suis dit qu’il faut que j’envisage de faire autre chose, parallèlement à la musique. J’étais seulement sur le hip hop, j’avais des cachets, je vivais de mon art et tout. Mais à un moment donné, tout a basculé à cause de la pandémie et c’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il faut que je réfléchisse par rapport à ce que je fais, ma musique et ce que je dois gagner par rapport à ça.  La pandémie est là, on n’est plus actif, il n’y a plus de concert, tout le monde est confiné. Donc j’ai fait un break, j’ai fait juste un son pendant la pandémie, je n’étais plus prolifique, c’est-à-dire que ça n’allait plus. On n’avait plus de fonds, on n’avait plus de source de revenus. Tu faisais un clip, on te sollicitait partout auparavant, tu dépenses des millions. J’ai arrêté de sortir des sons et je me suis lancé sur beaucoup de choses à la fois côté business, côté restauration. Voilà, on a ouvert un restaurant. On a réussi à se caser. Ce qui reste à faire, c’est de sortir les sons qu’on a travaillés et les albums qu’on a préparés. Le conseil que je donne aux jeunes, c’est essayer d’entreprendre quelque chose. La musique, c’est bien beau, ça passionne, mais il faut que ça soit rentable. Si ce n’est pas rentable, il faut chercher quelque chose à côté.