Hydraulique – Financement des projets prioritaires : L’État explore de nouvelles sources
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Le ministère de l’Hydraulique et de l’assainissement a rassemblé hier, sous la houlette du Groupe de la Banque mondiale, les partenaires techniques et financiers, afin d’échanger sur la mise en place d’une plateforme de financement du Programme national de sécurité de l’eau et la phase 1 des Autoroutes de l’eau.
Par Dialigué FAYE – Pour mobiliser les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de ses projets prioritaires, le gouvernement veut sortir des sentiers battus. Pour cela, le ministère de l’Hydraulique et de l’assainissement a réuni hier, sous la houlette du Groupe de la Banque mondiale, les partenaires techniques et financiers, afin de réfléchir sur la mise en place d’une «plateforme de financement du Programme national de sécurité de l’eau et la phase 1 des Autoroutes de l’eau».
Les «Autoroutes de l’eau» consistent à réaliser «un réseau de grands projets de transfert d’eau visant à mobiliser des quantités d’eau suffisantes et de qualité à partir des zones favorables vers les zones déficitaires».
En effet, le secteur l’eau occupe une place centrale dans le Projet qui incarne la nouvelle vision de développement économique et social du Président Bassirou Diomaye Faye. Et son gouvernement, d’après Cheikh Tidiane Dièye, ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement, a érigé ce secteur «au rang de haute et stratégique priorité». L’ambition des autorités est ainsi d’assurer un accès universel à l’eau.
Partenariat tripartite
Mais du côté du Groupe de la Banque mondiale, les partenaires restent «persuadés que garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement, et assurer une gestion durable des ressources en eau ne pourront se faire sans un partenariat tripartite entre les pays, les institutions bilatérales/multilatérales et le secteur privé, pour faire face à ces défis et trouver des solutions de développement pérennes». «Ces partenariats constituent le socle de la sécurité de l’eau de demain. Ils favorisent et offrent un cadre pour le partage des connaissances, la mobilisation de financements et la fourniture d’une assistance technique. Notre espoir réside donc dans les stratégies et les feuilles de route que définissent les pays pour définir les reformes et les investissements permettant d’atteindre les Objectifs de développement 6. Notre espoir réside aussi dans l’harmonisation des objectifs des bailleurs afin d’établir une plateforme de financement pour l’accès universel à l’eau», assure le vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Ousmane Diagana.
Pour cela, la Société financière internationale s’engage à accompagner le Sénégal. En effet, elle bénéficie, selon Sergio Pimenta, vice-président Afrique de l’Ifc, «d’une solide expérience dans la préparation, la structuration et le financement de projets complexes dans le secteur». «En plus des programmes et financements actuellement mis en œuvre par la Banque mondiale au Sénégal, la Sfi apportera son expertise et ses instruments au service de la nouvelle stratégie du gouvernement, afin de favoriser la participation du secteur privé», promet M. Pimenta.
Aujourd’hui, le Sénégal dispose d’un nouveau cadre de Partenariat public-privé (Ppp) opérationnel qui a déjà posé les jalons d’une implication du secteur privé dans la réalisation des grands projets de l’Etat, rappelle Dr Babacar Sène, Conseiller technique du ministre de l’Economie, du plan et de la coopération. Et ce dernier note le rôle crucial du Ppp en tant qu’outil de financement innovant pour alléger le bilan de l’Etat et attirer plus d’investissements privés dans le secteur de l’eau et de l’assainissement.
«Les Ppp permettent de mobiliser des financements privés dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, allégeant ainsi la pression sur les finances publiques.
Désormais, le secteur privé devrait prendre plus de risques en tant que relais pour soutenir et accélérer la réalisation des initiatives stratégiques du gouvernement dans le secteur de l’hydraulique et de l’assainissement. Les Ppp offrent à l’Etat une opportunité de partager les risques avec le secteur privé, notamment les risques financiers et techniques liés à l’exploitation. Grâce à ces contrats bien structurés, ces partenariats permettent de répartir efficacement les responsabilités, limitant ainsi les conséquences de dépassement de coût ou de retard de livraison, tout en garantissant une meilleure maîtrise des projets. Ces partenariats permettent aussi une amélioration de la qualité du service», plaide l’économiste.
Aussi, souligne-t-il, «le recours au Ppp permet au secteur public et même aux entreprises locales de bénéficier de connaissances et de compétences techniques innovantes en matière de gestion de l’eau, d’infrastructures hydrauliques et de traitement des eaux usées. La loi Ppp prévoit dans ce cadre un dispositif renforcé sur la promotion du contenu local et la participation du secteur privé national dans les projets».
Autoroutes de l’eau : Un premier jalon posé
Au-delà des Ptf, l’Etat compte aussi sur les organismes nationaux pour réaliser ses projets prioritaires hydrauliques et d’assainissement. Dans le cadre de la mise en œuvre de la phase 1 des Autoroutes de l’eau par exemple, le ministère de l’Hydraulique et de l’assainissement a sollicité le Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis) et la Caisse des dépôts et consignations (Cdc). Dr Cheikh Tidiane Dièye et Babacar Gning, Dg du Fonsis, ont ainsi signé un mandat d’exécution pour le développement, la réalisation et l’exploitation de l’infrastructure de transfert d’eau du Lac de Guiers vers le triangle Dakar-Mbour-Thiès.
Une autre convention a été également signée pour appuyer le gouvernement dans la structuration des financements.
«Les projets de transfert d’eau sont estimés à un coût global de 4758 milliards de francs Cfa, alors que pour la valorisation des eaux de surface, le coût global estimé pour les projets ci-énumérés est de 530 milliards de francs Cfa», selon les experts.
dialigue@lequotidien.sn