Inclusion – Prise en charge des enfants souffrant de déficience intellectuelle : L’appel de la directrice de Special Olympics

La prise en charge des enfants souffrant de déficience intellectuelle se pose sérieusement dans ce pays. Special Olympics tente de compenser les carences pour assurer leur épanouissement. Par Justin GOMIS –
Les enfants souffrant de déficience intellectuelle sont souvent confondus à des malades mentaux. D’après la directrice de Special Olympics, il s’agit évidemment de deux choses totalement différentes. «La déficience intellectuelle, qu’on appelle plus communément la trisomie 21, les troubles autistiques, l’infirmité motrice et cérébrale, se définit comme des difficultés d’adaptation à son environnement. Elle peut être acquise pendant la conception ou à la naissance, ou au plus tard à l’âge de 18 ans. Alors que la maladie mentale, c’est une pathologie. Et la différence fondamentale, c’est que la maladie mentale se soigne et la déficience intellectuelle ne se soigne pas, mais on peut améliorer l’état de la personne», explique Mme Rajah Sy, qui a présidé, il y a deux jours, un atelier d’échanges avec l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd).
La directrice de Special Olympics Sénégal explique que les causes de cette déficience intellectuelle sont nombreuses.
«Comme on l’a dit, la trisomie 21, c’est un problème de chromosome qui advient lors de la conception. Les troubles autistiques, ce sont des difficultés au niveau cérébral qui font que l’enfant a des difficultés d’interaction et de communication par rapport à son environnement. Ça peut être également une infection au moment de la conception», a-t-elle précisé.
A cause de cette déficience intellectuelle, ces enfants font souvent l’objet de stigmatisation. «Il y a déjà le regard de l’autre, qui est une première barrière. Il y a aussi l’acceptation, parce que ce n’est pas toutes les familles qui ont la capacité d’accepter le handicap de leur enfant. Donc cette barrière est à lever au sein de la famille. Il y a également la barrière de la stigmatisation, de la scolarisation», énumère-t-elle.
Mais pour une meilleure prise en charge de ces handicaps, il faut d’abord faire un diagnostic. «Il faut poser un diagnostic pour dire que cet enfant a une trisomie 21 ou alors qu’il a des troubles autistiques. Là, ça demande vraiment des investigations plus poussées avec des spécialistes. Une fois que le diagnostic est posé, la prise en charge sera faite par des spécialistes, des neuropédiatres, des neurologues ou des orthophonistes», indique Mme Sy. Or, cette prise en charge n’est pas une mince affaire. «Il faut tout un plateau médical pour arriver à prendre en charge l’enfant qui a un handicap intellectuel, pour qu’il puisse évoluer de manière harmonieuse, qu’il puisse également aller à l’école et interagir de manière positive avec son environnement», ajoute Mme Rajah Sy.
Et c’est à travers une inclusion sportive que Special Olympics s’occupe aujourd’hui de plus de 3000 jeunes, adolescents, enfants et adultes à travers le pays. «Notre porte d’entrée, c’est le sport. Nous savons tous quels sont les bienfaits du sport sur la personne en termes de socialisation, d’amélioration de la santé. Nous travaillons, au-delà du sport, sur un programme médical qui est sur deux volets, un programme de consultation médicale et un programme de santé communautaire. Ce qui nous a amené à ramener la santé au cœur de nos actions, en complément du sport, c’est qu’un enfant qui n’est pas en bonne santé ne peut pas faire du sport de manière efficace et efficiente», explique la présidente de cette structure. Ces méthodes peuvent permettre de lever les barrières sociales qui bloquent leur inclusion. «C’est ainsi que nous avons combiné sport et santé pour vraiment permettre aux jeunes qui rejoignent Special Olympics de pouvoir s’autonomiser, d’être heureux, de changer le regard que la société peut porter sur eux, qui est souvent un regard négatif, et d’aller briser les barrières. Parce qu’ils ont beaucoup de barrières à briser, et le sport permet justement de briser ces barrières et de montrer leurs aptitudes et capacités», enchaîne Mme Sy.
Par ailleurs, il y a toujours les doléances habituelles : l’absence de carte d’égalité des chances, l’inexistence d’un centre pour faciliter leur prise en charge et leur épanouissement social.
Aujourd’hui, Special Olympics peut compter sur l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd), qui a manifesté sa volonté de porter ce combat. «Je vous donne ma parole, l’association s’engage à travailler avec Special Olympics pour améliorer la vie des Sénégalais qui sont dans cette situation», promet Eugène Kaly, président de l’Ajspd.
Jeux Olympiques de la Jeunesse de Dakar : Les déficients intellectuels exclus de la messe
Par J. GOMIS – Les Jeux Olympiques de la jeunesse (Joj), qui se tiendront à Dakar en 2026, n’impliquent pas tous les jeunes. Elle se fera sans les déficients intellectuels. «Le handicap n’est pas pris en compte par les Joj», regrette Mme Rajah Sy, qui présidait un atelier d’échanges avec l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd). Cependant, la directrice de Special Olympics ne perd pas espoir de voir à l’ avenir ces jeunes souffrant de déficience intellectuelle être impliqués dans les Joj. «Peut-être qu’il y aura des évolutions d’ici l’année prochaine, mais aujourd’hui, le handicap n’est pas compris dans les Jeux Olympiques de la Jeunesse», s’est-elle désolée. Cet évènement aurait pu être une occasion pour permettre de montrer les aptitudes et capacités de ces déficients intellectuels qui excellent dans le sport. En attestent les médailles remportées par certains athlètes de Special Olympics dans plusieurs compétitions internationales. Mais, il y a toujours ce manque de reconnaissance qui perdure au plus haut sommet de l’Etat. «Notre équipe de football a été deux fois vice-championne du monde en football à 7, mais également en futsal. Nous avons un jeune qui détient les seules médailles d’or en équitation du Sénégal. Nous sommes médaillés également en natation, en athlétisme, au basket et en boxe», rappelle la directrice de Special Olympics.
De toute façon, elle ne compte pas rester les bras croisés durant cette grande messe sportive des jeunes. Elle réfléchit sur des activités parallèles pour occuper ses athlètes durant cet évènement. «Nous sommes en train de mener une réflexion pour voir quelles sont les activités annexes à ces Jeux qu’on pourrait organiser pour montrer également les aptitudes de nos athlètes», a-t-elle promis.
En attendant, Special Olympics sera sur la ligne de départ pour les Jeux mondiaux d’hiver qui auront lieu en Italie le mois prochain. Une équipe composée de 8 athlètes y défendra les couleurs du Sénégal.
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