Il faut avoir une visibilité sur les transferts de capitaux. C’est ce que souhaite le gouvernement du Sénégal. Qui va lancer des outils de gestion lui permettant d’avoir en temps réel des informations sur l’exécution du budget. Par Malick GAYE  –

Le transfert de capitaux engloutit entre 76 et 80% du budget national. Entre le ministre des Finances et du budget et le Directeur général du Budget, les chiffres diffèrent, mais la pensée reste la même : «Il n’y a aucune visibilité sur la nature du transfert des capitaux.» Lors de l’atelier de lancement de la gestion budgétaire 2024, ils ont soutenu que cette situation ne peut plus perdurer. C’est dans une logique de transparence de la gestion des finances publiques que le déploiement progressif des applications de gestion budgétaire (Sysbudgep) et comptable (Aster) va se faire. Il est même prévu de les installer dans les ambassades et consulats du Sénégal. «Dans un souci de transparence et de rigueur budgétaire, le mode d’exécution actuel, qui ne permet pas d’appréhender les natures économiques des dépenses effectuées, sera revu. En effet, cette situation constitue une limite majeure à l’analyse de ces transferts», a déclaré Mamadou Moustapha Ba. Ainsi, pour améliorer la disponibilité de l’information sur ces dépenses, il a été jugé nécessaire d’intégrer dans le processus de leur mobilisation et de leur exécution, un module à travers le Sysbudgep, permettant de renseigner toutes les dépenses, à l’instar de ce qui est fait pour les autres types de dépenses.

Ça ne sera pas la seule innovation. En effet, la Planification budgétaire infra-annuelle (Pbia) sera mise en œuvre afin d’apporter plus de flexibilité et de prévisibilité dans l’exécution budgétaire. Le cadre réglementaire est déjà mis en place à travers l’arrêté n°037031 du 07 décembre 2022 et l’instruction n°0002/Mfb/Dgb/Dcb du 23 novembre 2023 y relative. «La mise en œuvre effective de la Pbia permettra d’assurer une meilleure priorisation des dépenses, tenant compte de leur caractère urgent, incompressible et leur saisonnalité. En effet, une bonne programmation budgétaire, c’est celle qui anticipe sur les dépenses en tenant compte des contraintes de trésorerie et des objectifs de cible de déficit à chaque période», a affirmé Mamadou Moustapha Ba. Le ministre des Finances et du budget va procéder, en rapport avec les ministères et institutions constitutionnelles, «à la détermination des plafonds d’engagement trimestriels. Ces plafonds, en lien avec le plan de trésorerie, serviront de base à l’élaboration de plans d’engagement cohérents avec les plans de passation des marchés. Le cadre institutionnel de la planification budgétaire infra-annuelle comprend un comité de pilotage, un comité de suivi de l’exécution budgétaire et de la trésorerie au sein de mon département et un comité interne des plans d’engagement dans chaque ministère et institution constitutionnelle».

Toujours au chapitre des innovations dans la gestion des finances publiques, un comité de contrôle va voir le jour dans chaque département. Son objectif est d’améliorer le rapport entre les ressources engagées et les résultats obtenus au titre de l’exécution d’un programme budgétaire donné, sur la base des objectifs préalablement définis. A ce titre, selon Mamadou Moustapha Ba, une circulaire et un guide portant sur les modalités d’opérationnalisation du contrôle de gestion dans les départements ministériels sont déjà élaborés, et seront partagés très prochainement.
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