8 milliards étaient annoncés par le gouvernement pour venir en aide aux populations touchées par des inondations dans les régions de Matam, Saint-Louis et Tambacounda. Cependant, la situation décrite par la plateforme citoyenne Riposte montre que les sinistrés sont dans le désarroi. L’organisation a, dans un document, appelé les autorités à intensifier les mesures d’urgence. Par Dieynaba KANE –

Les acteurs politiques occupent l’espace public pour avoir des sièges à l’Assemblée nationale, au moment où des milliers de Sénégalais au Nord et à l’Est du pays font face à d’énormes difficultés à cause des inondations causées par les crues du fleuve Sénégal. C’est ce que déplore la plateforme citoyenne Riposte. Cette organisation «s’indigne de constater que les récentes crues du fleuve Sénégal et leurs conséquences dévastatrices semblent largement ignorées dans le débat public, éclipsées par la campagne électorale des Législatives». Dans un document, ladite plateforme déclare que «les aides humanitaires et les secours doivent être déployés de toute urgence pour restaurer la dignité et l’espoir des communautés touchées».

Les membres de cette plateforme soulignent que «ces inondations, au-delà d’une simple crise temporaire, menacent de plonger des milliers de familles dans une précarité prolongée, exacerbant les risques de famine et de crises sanitaires dans les régions de Matam, Tambacounda et Saint-Louis». Ils alertent sur le fait que «les inondations ont gravement affecté le secteur agricole, vital pour les communautés rurales». Revenant sur les données publiées par la Société d’aménagement et d’exploitation des terres du Delta (Saed) du 05-11-2024, Riposte rappelle que «les inondations à ce jour couvrent une superficie totale de 2924, 64 hectares dans les principales délégations impactées : Dagana 94, 39 ha de terres agricoles inondées, Lac de Guiers 44.4 ha de terres agricoles inondées, Matam 1286, 48 ha de terres agricoles inondées, Podor 1018, 62 ha de terres agricoles inondées, Bakel 480, 75 ha de terres agricoles inondées».

Insistant sur la gravité de la situation, cette organisation fait savoir que des villages entiers sont submergés, et «les agriculteurs et leurs familles voient leurs moyens de subsistance anéantis». Par exemple, renseigne-t-elle, dans «le village de Ndouloumadji Dembé, situé dans le département de Matam, 364 producteurs ont été directement touchés par les crues du fleuve dont 34 femmes». Et d’ajouter : «La situation est encore beaucoup plus exacerbée dans la zone du Daande Maayo, où beaucoup de ménages ont perdu leurs parcelles agricoles».

Les conséquences du débordement du fleuve ne sont pas seulement agricoles. Des milliers de personnes dans les localités touchées «vivent dans des conditions précaires». Selon la plateforme citoyenne Riposte, 456 ménages sont «logés dans des abris provisoires». Autre conséquence, c’est la fermeture d’écoles dans les zones inondées, qui touche «environ 18 000 enfants», les privant ainsi d’accès à l’éducation. Le document relève aussi que «les inondations aggravent également les risques sanitaires». Il indique que «dans des villages comme Beeli Jaalo (département de Matam), la dégradation de l’hygiène dans les zones sinistrées expose les habitants à des maladies hydriques». Les auteurs regrettent que «les capacités sanitaires locales, déjà fragiles, peinent à répondre à ces besoins croissants».

«Des actions concrètes et immédiates sont nécessaires»
La plateforme citoyenne, qui alerte sur cette situation catastrophique, «exhorte le gouvernement du Sénégal à intensifier les mesures d’urgence pour soutenir les populations affectées». Elle estime que «des actions concrètes et immédiates s’avèrent nécessaires pour venir en aide aux agriculteurs sinistrés et offrir un relogement digne aux familles déplacées».

Le même appel est lancé aux partenaires internationaux, afin qu’ils redoublent d’efforts «pour venir en aide aux populations sénégalaises touchées». «La mobilisation de la Communauté internationale est essentielle pour assurer la reconstruction des infrastructures détruites, soutenir la sécurité alimentaire et permettre le redressement économique de ces régions rurales frappées», ont indiqué les membres de cette plateforme.

Dans la même dynamique, Riposte appelle à une solidarité citoyenne pour alléger les souffrances. Ainsi chaque citoyen, institution et organisation est appelé à se «joindre aux efforts visant à alléger les souffrances des sinistrés des crues du fleuve Sénégal».

A cet effet, informe Riposte, «il est ouvert des points de collecte de dons en espèces et en nature (denrées alimentaires, fournitures scolaires, vêtements, produits d’hygiène, etc.».
dkane@lequotidien.sn