Permettez-moi de présenter mes félicitations les plus chaleureuses au noble Peuple sénégalais, suite à la victoire historique et éclatante de l’Equipe nationale de football du Sénégal comme championne d’Afrique, qui est un moment de détente, d’union, au-delà des clivages sociopolitiques, qui a rendu tous les Sénégalais, leur fierté d’appartenir à ce vaillant Peuple.
Cette victoire, au-delà du marketing géopolitique très puissant qu’elle symbolise, peut contribuer de manière très significative au développement d’un pays. Cette victoire peut être vectrice de création d’un éventail plus large encore d’actions commerciales et sociales, par ses possibilités d’offrir des atouts considérables pour motiver une grande frange de la population. Oui, le sport ne saurait être limité à sa dimension de simple divertissement, de loisir ou une pratique physique pour perdre du temps et de l’énergie futilement. Le sport est aussi une activité de santé, un mode de formation, un espace de compétition, un marché économique, un moyen d’aménagement du territoire, un instrument de mobilisation pour un pays qui véhicule des valeurs de discipline, de tolérance, d’effort, de respect, qui s’affirme comme un outil crucial de communion et de cohésion sociale, un moyen éducatif puissant et un levier de transformation économique prometteur, capable de contribuer à la résorption du phénomène massif d’exclusion des jeunes.
Cette force et cette énergie que dégage cette discipline qu’est le sport qui joue un rôle éminemment positif sur le plan moral, psychique, intellectuel et spirituel chez l’Homme, ne peut être négligé par l’islam, cette religion totalisante et globalisante, qui touche toutes les dimensions de la vie de l’Homme, qui est le Vicaire de Dieu sur terre (Khalifatoullah).
Pour l’islam, la domination et le contrôle de l’Homme, de ce Khalif sur la terre et la mer, constituent l’une des exigences de sa dignité. Et pour les Prophètes, ce qui est essentiel, c’est l’Homme. Il n’est pas question d’autre chose pour les Prophètes : tout doit aboutir à l’Homme. Leur objectif a été pour toujours, de construire un Homme : «Une fois l’homme fait, tout s’arrange.» C’est l’homme, selon l’islam, qui doit tirer avantage de cette opportunité offerte, la guidance avec les yeux ouverts et, pour cela, il doit utiliser sa connaissance et sa perspicacité. Il doit tout d’abord penser et apprécier, pour choisir ensuite. C’est cet Homme qui doit façonner sa vie, et vers quelle direction doit-il se tourner ?
L’Homme étant responsable de l’orientation et de la modification de ses instincts et tendances vers le droit chemin, sinon, il est assujetti à commettre des erreurs qui peuvent le mener au divertissement qui peut l’entraîner vers la futilité et l’aliénation de soi.
Le corps humain est le réservoir de l’énergie de l’Homme et l’origine de la capacité motrice qui participe à la construction du bien et la domination de la terre et son développement. Ainsi, chaque travail réalisé par l’homme -Que ce soit religieux ou séculariste- nécessite une force corporelle pour être pratiqué.
En effet, celui qui prie, qui jeûne, qui fait le pèlerinage, le commerçant, l’agriculteur, l’éleveur ou l’informaticien, l’ouvrier ou l’étudiant, etc., tous ces gens ont besoin d’énergie physique pour pouvoir exécuter leurs rôles et leurs devoirs, parce que l’énergie physique est le moyen par lequel l’Homme peut parvenir à ses objectifs fixés. Et le corps est le dépôt de cette énergie et le générateur du mouvement qui est réalisé avec ses différents organes comme la main, le pied, l’œil, l’oreille, la langue, etc.
Dieu, à Lui pureté, a doté l’homme d’un corps, à l’aide duquel il peut réaliser ses buts et finalités dans la vie. Ce corps est une grâce parmi Ses grâces incommensurables et une création parmi Ses créations qu’Il a accordées à l’Homme, pour qu’il l’utilise dans l’exécution des décisions dans sa vie, selon le plan de Dieu qui définit son comportement envers la vie et lui explique la façon correcte de vivre.
En outre, anatomiquement parlant, le corps est créé d’une façon harmonieuse et compatible avec les conditions et situations naturelles qui l’entourent, et avec les responsabilités humaines qu’il doit assumer.
«Très certainement, Nous avons créé l’homme dans la forme la plus parfaite», sourate La Figue, verset 4.
Par conséquent, le parrainage du corps et la protection de sa santé sont un devoir humain sacré, que Le Glorieux Coran a incité à surveiller dans le verset suivant : «Et cherche, dans ce que Dieu t’a apporté, la demeure (vie) future. Et n’oublie pas ta part en cette vie ici-bas», sourate Le Récit, verset 77. Et ce, dans la perspective de garder son organisation naturelle et la continuité de son équilibre moral, mental, intellectuel, physique, psychique, lequel consiste en l’arrangement des lois naturelles dans l’entité du corps et à leur équilibre avec les autres lois de l’existence.
Ce corps est un signe révélateur de l’innovation de la création et l’activité… et la contemplation de son ordre, sa structure extraordinaire et sa genèse formidable, étend les horizons de la connaissance et incite l’Homme à se tourner vers Dieu Le Tout-Puissant et à la découverte des secrets de l’existence, pour que l’Homme accroisse sa foi et profite mieux des bienfaits dans la vie.
«Que l’homme considère de quoi il est créé», sourate 86, verset 5.
Ceci dit, le sport et l’adaptation du corps et son entraînement à des mouvements corporels lui procurant plus de force, d’élégance, de légèreté ou de vitesse dans les mouvements pour qu’il puisse par la suite supporter plus d’efforts, vaincre plus facilement la fatigue et résister à toutes sortes de maladies ou effets corrosifs de la santé, se permettant ainsi de plus ambitieuses réalisations et donnant par là un rendement nettement meilleur et beaucoup plus influant dans sa vie.
En outre le sport favorise le sentiment de puissance, de jeunesse et de force et cultive chez l’Homme l’esprit de patience, de courage et la confiance en soi.
L’islam croit fermement en ses vertus et combat l’insouciance, la désintégration, la faiblesse volontaire, la paresse, la flaccidité et l’avachissement de l’esprit, ainsi que l’apathie en effet, il nous est parvenu dans ce noble hadith, ci-après : «Gare à la paresse et à l’ennui, il est certes que si tu t’adonnes à la paresse, tu n’auras pas travaillé et si tu te laisses prendre par l’ennui, tu n’auras pas rendu le dû.» C’est donc, vers ces objectifs et avec cet état d’esprit que le Saint Coran a appelé les fidèles, en les exhortant à la bonne éducation des générations et à la culture de l’esprit de puissance en elles. A ce propos, le Saint Coran a insisté sur la notion de la force en disant : «Préparez, pour lutter contre eux, tout ce que vous pouvez réunir de force et de cavaleries en alerte, ce par quoi vous épouvanterez l’ennemi de Dieu et le vôtre et d’autres encore, en dehors d’eux (les planificateurs impies…) que vous ne connaissez pas, (mais) que Dieu connaît.»(Sourate Le Butin, verset 60)
En effet, le sport est un moyen qui sert à rendre plus forte la personne ; par conséquent, il doit être considéré comme une pratique obligatoire ordonnée par Dieu. Pour réaliser cet objectif, le Noble Prophète Mohamed (Psl) a tracé une voie indicative pour les fidèles, les incitant à enseigner à leurs enfants les arts martiaux de l’époque et à les aider à bien entretenir et développer leurs potentialités physiques en disant, par exemple : «Apprenez à vos enfants la natation, le tir et l’équitation», et tant d’autres hadiths relatifs aux sports, dont ci-après :
– «La vraie force consiste à tirer à l’arc», phrase qu’il aurait répétée à trois reprises.
– «Dieu fait entrer au paradis pour chaque flèche, trois personnes : celui qui la fait, celui qui la fournit dans la voie de Dieu et celui qui la tire dans la voie de Dieu.»
– «Le croyant fort est meilleur et préférable à Dieu que le croyant faible.»
– «Tout ce dont s’amuse le fils d’Adam est vain, (batil) à l’exception de trois : tirer une flèche de son arc, dresser son cheval et jouer avec les siens. Ces trois relèvent de la droiture.»
– «Occupez-vous à tirer à l’arc, car c’est le meilleur amusement.»
– «Celui qui n’a pas appris à tirer à l’arc, n’est plus de nous.»
Ceci est un appel direct à l’entretien de la jeunesse, et au sport qui ouvre grande la porte à toutes sortes de conditionnement et de préparation physique, à la culture, la construction, la consolidation du corps, la maintenance de ses potentialités, de ses capacités et aptitudes. Il nous est parvenu plusieurs citations rapportés du Noble Prophète Mohamed (Psl), qui confirment cette orientation et lui donnent des précisions et mises au point fondamentales et donnent même le bon exemple par le comportement du Prophète Mohamed (Psl) lui-même qui, non seulement avait encouragé plusieurs courses et concours, mais aurait même participé en personne à une petite course lors du retour d’un champ de bataille.
En référence au sport dans le Saint Coran précisément, dans le récit de Joseph, on lit ce passage : «Le soir, ils (les frères de Joseph) revinrent en pleurs chez leur Père et ils dirent : «O notre père ! Nous étions partis pour jouer à la course ; nous avions laissé Joseph près de nos bagages et le loup l’a dévoré. Tu ne vas pas nous croire même si nous sommes véridiques.» (Sourate Joseph(Yusuf), versets 16-17).
Ceci indique que la course et le loisir sont permis, sinon les frères de Joseph ne l’auraient pas pratiqué. Dans un récit rapporté par Al Kouleyni dans le livre Al Kafi, page 510 : «Le Messager de Dieu (Psl) avait organisé une course de chevaux en attribuant des prix en argent.» Dans un autre hadith, «Le Messager de Dieu avait fait courir les chevaux efflanqués, depuis El Hafia (nom d’un lieu au bord de Médine). Il a donné, ensuite, à chacun des trois premiers gagnants un palmier chargé de grappes.» (Al Kafi, page 84. Dans un autre hadith prophétique : «Le tir à l’arc est l’une des flèches de l’islam.»
Afin de garantir l’exécution de ces principes comportementaux, l’islam a établi une organisation totale de la vie et des relations de l’Homme, avec ses besoins naturels et la part qui lui en est impartie sur la base d’équations et d’équilibres très subtils, sans aucune défaillance ou excès. Ainsi, il préserve à toute chose sa règle de calcul, son objet et son droit, et a appelé à la modération, partout où il s’adresse, à un tel point qu’il est juste d’affirmer : La méthodologie islamique de la vie est «la voie de la modération et de la droiture».

Cheikh Chérif MBALLO
Chercheur-Directeur du Centre islamique d’études et de recherche et de documentation (Cired)