Jugement en appel de Hissein Habré : Wafi Ougadeye rend son verdict le 27 avril prochain
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Les débats d’audience du procès en appel de Hissein Habré ont pris fin hier. Il ne reste que l’ultime acte pour clore définitivement ce procès. Le président de la Cour d’appel fixe le délibéré au 27 avril prochain. Au préalable, les parties civiles et la défense ont livré chacune de son côté ses observations.
La défense se dit optimiste quant à la décision qui sera rendue le 27 avril. Me Mbaye Sène trouve pertinents les moyens d’appel soulevés au point que le Procureur général n’a pas été mesure d’apporter des réponses pertinentes. L’avocat soutient que Mbacké Fall a reconnu que le juge Amady Diouf n’était pas un juge du siège. Pour se défendre, soutient l’avocat, le Parquet a invoqué l’Histoire de Leïty Kama, juge à Arusha en Tanzanie au Tribunal pénal international pour le Rwanda alors qu’ici «nous avons un texte, un statut qui dit clairement qu’on ne peut être juge de la Chambre africaine extraordinaire si l’on n’a pas une expérience de 10 ans dans les fonctions de juge. Nous avons un texte pourquoi on ne l’applique pas», tonne-t-il.
L’avocat s’est également offusqué de l’attitude du Parquet qu’il considère comme une triche. Il fait semblant d’avoir eu connaissance pour la première fois à l’exception de nullité que nous avons soulevée. «Cela n’est pas le moyen. C’est l’omission de ce moyen qui est un cas d’appel qui doit entrainer l’invalidation de la décision», précise la robe noire. Sur la question du viol, la défense a relevé des contradictions sur les propos de Khadija Zidane. Lors de sa déclaration à Ndjamena, Me Sène indique que la dame n’a jamais accusé le Président Habré de viol. «Au contraire elle a dit que le Président Habré ne l’a pas violée. Ce sont des agents de la Dds qui l’ont amenée pour entretenir des relations sexuelles avec elle. Habré l’ayant poignardé avec un bic (stylo), il avait renoncé à cette intention au vu du sang qui coulait», relate l’avocat. Pour la défense, la dame a été «forcée» d’accuser Habré par le juge de la première instance Gustave Gberdao Kam.
La partie civile dans ses répliques s’est investie à démontrer les moyens d’appel soulevés par la défense. Alain Werner s’est employé avec énergie à décrire comment les juges de la première instance ont établi la culpabilité de Habré notamment sur le viol. La Cour n’a pas établi la culpabilité de Habré sur le viol uniquement sur les déclarations de Khadija. Ginette Ngarbay, Hélène Jaffe, Fatou Sakine ont toutes dans leurs témoignages évoqué le viol. «On ne peut pas se référer à un bout de témoignage et omettre tous les autres éléments du dossier et dire qu’il y a erreur de fait», proteste l’avocat qui accuse la défense de faire une cueillette sélective.
L’avocat, faisant le lien entre Habré et le système de répression mis en place, a indiqué que Habré était perdu dans ce dossier à cause des archives de la Dds. «L’insider dont parlait Me Balaal ce n’est pas Bandjim Bandoum mais «ce sont les archives de la Dds, qui dans un menu détail, relatent comment Hissein Habré a tissé sa toile d’araignée pour traquer, attraper, torturer, réprimer et tuer». Pour lui, Habré est allé plus loin en exprimant explicitement son intention «d’exterminer. Il a appelé à la destruction et à l’écrasement de son Peuple», raconte l’avocat qui cite Habré lors d’un point de presse en 1989. «Les ennemis rampant dans nos rangs seront démasqués et détruits. En 15 ans de carrière, je n’ai jamais vu un dossier aussi accablant. C’est un dossier naturellement à charge», note-t-il.
ndieng@lequotidien.sn