Imam Alioune Ndao et ses coaccusés devraient encore s’armer de patience. Après plus de 2 ans de détention préventive, ils n’ont pas été jugés hier par la Chambre criminelle du Tribunal de Dakar. Le juge a décidé de renvoyer le procès au 14 février prochain pour permettre à toutes les parties de s’imprégner du dossier.

Il est 10 heures. Le juge appelle le dossier relatif à l’apologie du terrorisme. L’imam Alioune Ndao est invité le premier à se présenter à la barre. Arborant un boubou traditionnel de couleur blanche qui ressemble à sa barbe, le guide religieux de 74 ans est entouré de ses coprévenus à l’image d’un père de famille devant sa progéniture. La barre de la Chambre criminelle s’avérait trop petite pour contenir ces 32 prévenus qui ont tous répondu à l’appel devant une salle remplie comme un œuf. Ce beau monde est poursuivi pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise de terroristes et blanchiment de capitaux dans le cadre d’activités terroristes en bande organisée contre tous, d’actes de terrorisme par menace ou de complot d’apologie du terrorisme et de financement en bande organisée contre le 1er au 4e et 8e au 11e…
Après la vérification de leurs identités, le juge a procédé à celle des avocats qui se sont constitués ou commis d’office. Cette phase achevée, il a demandé à ceux qui veulent nouvellement se constituer de se signaler. A l’issue de la mise en état, il a décidé de renvoyer le dossier à la date du 14 février prochain. «Nous proposons la date du 14 février (2018) pour permettre aux avocats de disposer les dossiers afin de mieux défendre leurs clients», s’est expliqué le juge. Pourtant, Me Dieng n’a pas attendu que la parole lui soit accordée pour exprimer sa préoccupation. «Le dossier a été mis tard à notre disposition. Vous avez décidé de renvoyer l’affaire, mais pour la bonne marche de la justice, nous devons avoir le dossier à temps», a-t-il formulé comme demande car, selon l’avocat, les conseils commis d’office n’ont pas reçu un bon dossier. «Le dossier qui nous est communiqué comporte des failles. Il y a des pages blanches. Il faut nous communiquer un dossier lisible. Nous voulons être à égale distance avec les autres», a-t-il dit en demandant au juge que ces imperfections soient corrigées avant la date du renvoi.
Cette requête de la robe noire ne semble pas tomber dans l’oreille d’un sourd. «Ne vous en faites pas, les conditions seront réunies pour ça», a promis le juge qui a confirmé la date de renvoi en levant l’audience.
C’est sous bonne escorte qu’imam Ndao et ses coaccusés ont été ramenés à Rebeuss en attendant le 14 février. Et sous les cris de ses inconditionnels.
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