Trois décisions de justice successives l’ont mis hors de cause dans cette accusation de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance. Mais les juges continuent de trouver qu’il y a matière à maintenir sa mise en examen dans une affaire qui date d’avant son entrée au gouvernement. Hier encore, il a dû faire face au juge, pour être confronté à son accusatrice. Pourtant, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, n’a pas brandi la thèse de complot de ses ennemis politiques et, mieux encore, ne s’est pas dérobé de son devoir de répondre à la justice.
Une attitude bien différente de ce que l’on voit chez nous ces derniers jours, où un député du Peuple, sous prétexte qu’il serait le «leader de l’opposition», n’a pas hésité à appeler tous ses militants à lui servir de boucliers, pour l’empêcher à répondre à une accusation en bonne et due forme, portée à son encontre par une jeune dame, masseuse de son état, et qui porte sur des faits de viol et de menace de mort.
Sonko a d’abord excipé de son statut d’élu du Peuple pour refuser de déférer à la convocation de la gendarmerie. Reniant par là même une déclaration faite il y a deux ans, quand il accusait un haut-fonctionnaire de la Dgid, M. Mamour Diallo, de corruption dans une affaire de 94 milliards. A l’époque, il disait qu’il n’était nul besoin de lever son immunité parlementaire si le Procureur le convoquait, et qu’il se tenait à la disposition de la justice. Mais à l’époque, c’était lui l’accusateur.
Cette fois-ci, Ousmane Sonko est accusé, et d’un crime infâmant, pour celui qui a toujours brandi sa vertu et sa pratique religieuse en étendard de son action politique. L’occasion lui a été offerte de laver publiquement son honneur. Il a préféré placer une barrière de sang entre lui et Dame justice. Il aurait pu faire comme Darmanin et épargner à son pays et à son Peuple tant de morts et de douleur. Ou alors, contrairement à Wade, il pense que le chemin du Palais est jonché de cadavres. Toutefois, il finira par comprendre que tant qu’il ne sera pas lavé de manière incontestable de cette affaire, l’ombre de Adji Sarr le poursuivra tout le long de sa carrière politique.