Considérée comme responsable de l’affaire du bébé déclaré mort puis décédé plus tard, l’aide-soignante a été placée hier en garde à vue au Commissariat urbain de Kaolack. D’autres mesures conservatoires devraient être prises pour situer les responsabilités.Par Laity NDIAYE

– Nouveau rebondissement dans l’affaire du bébé retrouvé vivant à la morgue après avoir été déclaré mort à l’hôpital El Hadj Ibrahima Niass de Kaolack : hier l’aide-infirmière en cause a été placée en garde à vue au Commissariat urbain de Kaolack. Depuis samedi, la ville est sous le choc après avoir appris cet incident grave à l´hôpital El Hadji Ibrahima Niass de Kaolack. Al Hassan Diallo, le père du bébé, avait du mal à raconter les faits, mais il a tenu à le faire pour la postérité : «j’avais amené mon enfant malade à l’hôpital. Ce vendredi matin, on m’a signifié qu’il était dans un état critique, car la maladie a atteint le cerveau. On m’a ensuite dit qu’il était décédé. Quand je suis allé à la morgue, le bébé n’était pas encore là-bas, il était emballé dans un carton. Mais il a pleuré quand on l’a touché. On s’est alors rendu compte qu’il était encore vivant», a-t-il expliqué au cours d’une émission de télévision en brandissant le certificat de décès qui lui avait été délivré.
Né au poste de santé de Wardiakhal, l’enfant avait été évacué à l’Hôpital régional El Hadj Ibrahima Niass dans l’espoir d‘une meilleure prise en charge. Dès l’éclatement de l’affaire, le Parquet a ouvert une enquête. Dans un communiqué, le service des relations publiques est revenu sur les faits : «Le 6 mai 2022, à 12h 50, le Commissaire central adjoint de Kaolack informait le procureur de la République de la présence au sein dudit service de sécurité publique, d’un père de famille qui signalait le sort de son enfant déclaré mort par les soignants, avant qu’il ne découvre lui-même que l’enfant, déjà acheminé à la morgue, présentait des signes de vie. La descente du commissaire de police sur les lieux (Hôpital régional de Kaolack), a permis de relever la réalité de l’information et le constat de réadmission de l’enfant aux soins. Durant la nuit, l’enfant, souffrant d’une pathologie assez grave, succombait des suites de sa maladie l’ayant exposé à des détresses respiratoires aiguës.» Le Parquet indique qu’à la suite des faits décrits et de la plainte du chef de famille, «une enquête a été aussitôt ouverte aux fins de détermination des conditions dans lesquelles l’enfant a été déclaré mort par erreur». Dans la même veine, il ajoute dans son document que «les investigations confiées au Com­missariat central de Kaolack se poursuivent».
Du côté de l’hôpital El Hadj Ibrahima Niass de Kaolack, la réaction est simple : Lors d’une conférence de presse, le président de la Commission médicale d’établissement a imputé la responsabilité de ce drame à une aide-infirmière, qui a déclaré le décès du bébé sans l’avis de ses supérieurs. Mme Khadidiatou Sarr Kébé, la directrice de l’hôpital de Kao­lack, a regretté cet épisode déplorable : «Bien que le 6 mai soit une journée de grève générale, le service a fonctionné correctement. L’incident qui a été relevé a été circonscrit en un laps de temps. La procédure administrative est enclenchée et demeure confidentielle, la procédure judiciaire est en cours et nous restons à la disposition des autorités. L’hô­pital dans sa démarche avant-gardiste organise depuis janvier 2022, des cycles de formation sur l’accueil, l’orientation et la bonne conduite destinés à l’ensemble du personnel. Huit sessions sont déjà tenues et nous pensons capitaliser cette démarche en termes de satisfaction.» Elle enchaîne en insistant sur les «efforts faits» pour améliorer le plateau technique de l’établissement sanitaire : «dans le cadre de la démarche qualité, des efforts seront déployés pour que de pareilles situations ne se reproduisent plus. Le pôle mère-enfant (maternité et pédiatrie) constitue un hôpital dans l’hôpital, ce dispositif de 176 lits, avec deux unités de néonatologie, dessert l’ensemble des références de l’axe centre. Le pôle mère-enfant totalise 65 possibilités d’hospitalisation en néonatologie, ce qui est énorme. Malgré le Covid-19, le service de pédiatrie a réalisé en 2021, plus de dix mille (10 000) consultations et compte actuellement 7 médecins dont 3 pédiatres et 4 généralistes», a-t-elle soutenu à Dakaractu.
Cette affaire vient rajouter une couche à la situation déjà compliquée dans laquelle est plongé le secteur de la santé après l’affaire Astou Sokhna à Louga, qui avait ému les Sénégalais.
Correspondant