L’axe Kaolack est «accidentogène» comme le confirme l’accident qui a eu lieu en mi-août. Il a failli dégénérer à cause des réactions outrées des populations. Dans la capitale du Saloum, les habitants espèrent des solutions rapides pour arrêter la saignée.Par Laïty NDIAYE –

Le dernier accident a fait jaillir des réactions passionnées : en mi-août, une collision entre un camion et un taxi a fait quatre morts à Kaolack. Si cette affaire a failli dégénérer et prendre des proportions internationales, ce n’est pas seulement pour son caractère choquant, mais à cause du sentiment général que les tragédies se répètent. Comme si de rien n’était ! Cet accident aussi tragique soit-il n’est malheureusement pas le seul ayant impliqué des camions gros porteurs dans cette localité. Les «camions maliens» comme les appelle tout le monde ici sont tristement célèbres en raison du nombre d’accidents causés sur l’axe routier de Kaolack.
Face au traumatisme et la colère grandissante de la population, il va de soi qu’une solution mérite d’être trouvée pour à la fois rendre sûres les routes et apaiser les tensions entre gens de pays voisins. Pourtant, on aurait pu éviter tout cela si la volonté des techniciens de la circulation avait été entendue et appliquée. «En réalité, il existe depuis longtemps, plusieurs solutions proposées par les techniciens de la circulation pour régler les problèmes d’accidents non seulement à Kaolack mais aussi dans toutes les grandes villes», confie Cheikh Diop, technicien en construction des routes. Il poursuit : «Nous avons toujours dit que les camions gros porteurs et autos de transports interurbains ne doivent pas rouler à l’intérieur de la ville. Il faut donc aménager des voies de contournement qui commenceraient à l’entrée de la ville et se termineraient à sa sortie et également dans le sens inverse pour les véhicules qui viendraient d’ailleurs. Par contre, si cette solution n’est pas encore réalisable, il faut envisager d’élargir les routes nationales et les dimensionner en fonction des gros porteurs car les routes actuelles étouffent. Elles ne supportent ni le poids ni la taille de certains grands camions.»
En réalité, ce ne sont pas les réflexions et les suggestions sur les problèmes de mobilité urbaine qui manquent. Mais, il faudrait que les gouvernements considèrent la situation assez alarmante pour poser des actions concrètes ou accompagner les initiatives.
En 2018, l’Union des routiers du Sénégal proposait comme solution de moderniser les permis de conducteurs afin de former un nouveau type de chauffeur sénégalais. En 2019, lors d’un séminaire, l’institut supérieur des transports et de la logistique préconisait un diagnostic approfondi de la situation globale du transport au Sénégal. En 2017, l’Igi évoquait les états généraux de la mobilité urbaine au Sénégal. Autant d’idées qui méritaient un meilleur sort.
En attendant qu’une solution définitive soit trouvée, depuis le drame, aucun programme n’a été décrété en vue d’apporter localement une réponse efficace à ce fléau. Alors, faute d’alternative, avec angoisse, les Kaolackois quotidiennement continuent de se partager la route avec ces mastodontes, qui tuent à grande vitesse….
Correspondant